Elégie pour Maurice Charlon

Maurice

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Maurice, notre voisin à la campagne, est mort

Il est tombé, à quatre-vingt deux ans,

frappé par une attaque alors qu’il jouait aux cartes.

Maurice, le paysan, toujours habillé en bleus,

est mort par un grand jour de ciel bleu,

un jour glacé de beau temps au début du printemps,

lui, le vieux garçon solitaire

comme un arbre de plain vent sur la colline,

bien planté sur sa terre.

Maurice était un arbre,

avec ses longs bras noueux,

haut de taille et légèrement vouté,

un arbre, peut-être un noyer,

taillé dans le bois dur et délicat

dont sont faits les paysans français.

Pas beaucoup plus bavard qu’un arbre,

légèrement narquois, parfois,

bien planté dans sa terre,

attentif à la vigne et à la vie.

Maurice était un arbre.

Il était là,

il n’est plus là,

simplement.

 

Il va manquer au paysage.

 

 

 

le 22/03/2009


 

 

 

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