André Benedetto vient de mourir, des suites d’une embolie, en plein Festival d’Avignon. Directeur du Théâtre des Carmes, président du festival off, Benedetto était un auteur et un homme de théâtre infatigable, un combattant. Il était aussi, et peut-être avant tout, poète. Je me souviens du grand courant d’air frais que j’avais senti passer dans la poésie française après avoir lu « Urgent crier » et « Les poubelles du vent », publiés par Pierre Jean Oswald. André était l’une des rares voix poétiques nées du tremblement de terre de mai 68… il serait bien nécessaire de rendre justice à cette aspect si nécessaire de son activité, si éloigné d’une conception seulement littéraire de la poésie… Je le connaissais depuis les années quatre-vingt. A l’époque, nous participions ensemble, régulièrement, aux lectures organisées par les poètes de la revue Parole, (alors que les lectures n’étaient pas si répandues qu’aujourd’hui), aux côtés de Christian Gorelli et Bernard Gueit, avec des poètes comme Yvon Le Men ou Serge Pey. La dernière fois que je l’ai vu, c’était l’été dernier, où nous avions lu ensemble, avec Carlos Laforêt, dans son théâtre, pour marquer la sortie de l’anthologie « La poésie est dans la rue » à laquelle il avait participé. Il avait aussi publié au Temps des Cerises son monologue sur la Palestine « L’homme aux petites pierres ». Avec lui, c’est un camarade, un frère qui s’en va. Sans lui, on se sentira un peu plus seul.
Mars 1984 le Mans avec le groupe Parole , je me souviens de toi, André était là, nous sommes tristessss
Pascal Margot