La rose des vents d’Aubervilliers
Aubervilliers est une ville du sud
qui a poussé du côté de la banlieue nord
Elle est ouverte à tous les vents de la planète
elle est ouverte à tous les peuples de la Terre.
Aubervilliers est une ville du sud
du Nord, de l’ouest et de l’est,
une ville des quatre points cardinaux
et tous ses habitants sont des immigrés.
Aubervilliers de la petite Prusse
du quartier des Quatre chemins,
Aubervilliers des Alsaciens
qui ont quitté le blond pays des sapins noirs
pendant la guerre de Soixante dix
Aubervilliers des Italiens anti-fascistes
qui gardent sur le buffet de la salle à manger
une gondole de Venise et une mandoline
au coeur brisé.
Aubervilliers des Espagnols
pour qui flotte toujours
le drapeau écarlate, jaune et violet
de la République.
Aubervilliers des Portugais,
ouvriers du bâtiment et supporters de Benfica,
navigateurs des hautes terres,
vin chapeauté de chat botté.
Aubervilliers des Marocains, des Tunisiens, des Algériens
qui ont quitté leur village pour travailler à la chaîne
Aubervilliers des Algériens de Kabylie
où le soleil pleut dans le souvenir
comme les grains dorés de la semoule.
Aubervilliers des Bretons et des Auvergnats
Aubervilliers des Sépharades et des Ashkénazes,
Aubervilliers des Yougoslaves et des Roumains,
Aubervilliers des Tamouls et des Pakistanais
Aubervilliers des Chinois et des Africains…
Sur le marché d’Aubervilliers
dans les allées, entre l’éclat de soleil des pamplemousses
et des bananes plantain,
dans l’échancrure d’un boubou brille une épaule noire et luisante
comme un éclat de jour.
Aubervilliers est une ville du sud
qui a poussé dans les parages du Nord.
Aubervilliers n’est pas le centre de la Terre
mais toute la Terre a rendez-vous à Aubervilliers.
Le soir du quatorze juillet les voisins
sortent les chaises pour parler sur le seuil des maisons
comme du côté de la Méditerranée.
Aubervilliers est une ville
ouverte aux trente deux vents
de la rose des vents…
Les enfants des immigrés
des quatre coins de la planète
y vivent dans des cités,
aux jardins suspendus,
cristaux triangulaires,
concrétion de gypse dur et cassant
rose des sables
pour fleurir au désert,
rose habitable
dont ensemble on pourrait
déplisser les pétales.
Dans La Ballade d’Aubervilliers (Le Temps des Cerises, 2007)
Aux monts des oliviers
Sur la route en lacet qui montait franche au vide,
Gravissant son chemin d’une marche lucide,
L’ombre blanche avançait à pas lents et livide,
En sachant sans un mot les ronds noirs et avides
Qui cracheraient bientôt à la sueur de ses rides,
S’alignant en son dos, foulant sa terre aride,
Les traits qui couperaient et son ventre et sa bride.
Oh! Monts des oliviers, jardins des Hespérides!
Montrez-moi mon enfant à mes bras qui s’endort,
Montrez-moi ses yeux d’or et mon épouse encore,
Montrez-là moi au moins la douceur de son corps,
Montrez-moi tous les miens revenant à l’aurore
Tandis que dans la mort à ce ciel impavide
Je mangerai la pierre au sentier parricide.
Dans son sang répandu sous le feu si rapide
L’ombre sage étendue avait à ses yeux vides
Le reflet de ce bleu qui, pourtant si limpide,
Mourrait de ne rien dire au soleil sordide
De l’évidente horreur du pays qu’on lapide.
jérôme visse saraf
car certains faits d’une sauvagerie peu glorieuse font pourtant bien parti de notre histoire et de notre identité.
quelle version idyllique d’Aubervilliers , vous ne devez pas habitez le » Pont Blanc » !!!! Vols , agression de personnes âgées , voitures brulés , commerce qui ferment , c’est drôle vous n’en parlez pas !!! MOI j’y habite et c’est loin d’être cr que votre joli poème décrit !!! J’y suis né et dans ma jeunesse c’était un village paisible !!! De plus comment pouvez parlez d’immigrations de Français ( bretons , auvergnats etc. ou pire encore , ceux qui comme mes grands parents maternels ont fui la Lorraine devenue allemande après 1870 !!! Votre but caché est de faire admettre que l’immigration aujourd’hui massive à Aubervilliers est normale et bénéfique !!! Elle le fut avec les espagnols , les italiens et les polonais , car à cette époque il y avait du travail !!!
Où croyez-vous que j’habite ? je suis arrivé de mes Cévennes natales à Aubervilliers vers l’âge de dix ans et, à l’exception d’une période de huit ans où j’ai vécu dans le Val d’Oise, j’y ai toujours habité. pas dans un pavillon du centre ville mais dans différentes cités HLM. Mon père vient lui aussi d’Alsace… et la famille de ma femme (qui a passé son enfance au Montfort) fait aussi partie de ces alsaciens-lorrains qui ont fui l’occupation allemande pour venir s’installer dans ce qu’on appelait la « petite Prusse ». Quant à mon fils, il y habite toujours, avec ses enfants… qui sont donc mes petits enfants;
Hier comme aujourd’hui, les immigrés ont toujours été perçus comme ceux qui venaient « voler » leur travail aux Français.C’est qu’en effet le racisme a une base économique objective : l’immigration a toujours été utilisée par les patrons pour faire pression sur les salaires et les conditions de travail. Ceux qui étaient plus exploités que la moyenne ont toujours été stigmatisés. On les traitait de Bougnats, de Boches, de Ritals, de Pingouins, de Ratons etc… Mais, hier, il est vrai, les organisations ouvrières (le syndicat et le parti communiste) étaient beaucoup plus forts et les réflexes de solidarité et d’internationalisme pouvaient l’emporter sur la mise en concurrence des travailleurs, le racisme et la courte vue. Qui plus est, le chômage de masse, la précarisation généralisée et l’économie parallèle de la drogue, (permise par la prohibition et l’hypocrisie dominante actuelle) contribuent à pourrir la vie sociale en développant ce que Marx appelait déjà le « lumpen-prolétariat », un sous-prolétariat (qui ne se compose pas que d’immigrés, loin de là…) sans vraie conscience de classe et qui vit d’expédients. Mais aujourd’hui comme hier, la seule solution, c’est de travailler à unir les uns et les autres, dans le combat pour vivre mieux ensemble. Notre adversaire n’est pas le voisin de palier mais ceux qui ont intérêt à maintenir l’injustice et l’inégalité sociale.
les » Alsaciens » dont ma famille fait partie étaient des FRANÇAIS !!! Pourquoi en faire des immigrés !!! Ne mélangez pas tout !!!
Bonjour,
J’ai lu votre poème sur Aubervilliers écrit à l’occasion du débat sur l’identité nationale.
Je m’y retrouve tout à fait, étant moi-même native d’Aubervilliers. J’y ai vécu de 1952 à 1974 et j’avais la fierté de dire que je connaissais chaque pavé de la ville. Quand je suis revenue, j’ai eu un peu de mal à reconnaître les quartiers. D’autres habitants étaient là et les enseignes avaient changé. Les rues ont gardé leur nom mais elles ne ressemblent plus à mes souvenirs : j’habitais le quartier du Montfort (qui lui n’a pas trop changé), j’allais à l’école du MOntfort puis Collège Gabriel Péri et ensuite celui de Paul Doumer. J’accompagnais mes frères à la crèche de la rue du Buisson. Les autres membres de la famille habitaient en face du cimetière. Là le quartier a énormément changé et là je ne parlerais pas des habitants mais des constructions. J’ai une cousine qui habite toujours ce quartier appelé « pont blanc ». Elle est plus ancienne que moi dans cette ville et y a vu les transformations. Nos grands parents sont arrivés avec la vague d’immigration du début du XXème siècle. A l’école je côtoyais des Italiennens, des Malgaches, des Polonaises, des algériennes. Nous grandissions ensemble et pour nous c’était la France. Aujourd’hui, les immigrés ont changé et j’entends les gens dire : « nous ne connaissons pas les pays d’où ils viennent ». Avec les immigrés de mon époque nous partagions une histoire des moments de la grande Histoire et je partage votre réponse sur le pourrissement de la vie sociale. Continuer à vivre ensemble relève parfois de l’exploit pour certains qui subissent une forte concentration et les relais ne sont pas toujours là pour aider le citoyen à vivre avec son nouveau voisin. Alors je dirai à Brice, oui, la vie au Pont Blanc est difficile (ma cousine y habite et me le raconte), oui l’immigration à Auberviliers est massive et subie par les habitants au quotidien. Oui c’est une tactique politique pour disloquer les banlieues rouges et les réponses sont minces pour améliorer le quotidien.
Le grand débat qui s’ouvre sur le « vivre ensemble » devrait permettre de trouver un autre souffle. Du moins ce sont les espoirs que je mets dans ces réunions auxquelles je me rends.
Un petit message pour M. COMBES, pouvez vous m’indiquer l’endroit où je peux trouver des informations sur Aubervilliers dans les années 30-40 et 50-60. Fille de républicain espagnol, je rédige un écrit pour mettre en mot l’histoire de mon père qui est arrivé avec son père à Aubervilliers en 1928 et qui à 19 ans a éprouvé le besoin d’aller se battre en Espagne pour défendre la république. Il en est revenu et a continué à habiter Aubervilliers jusqu’à l’année de sa mort, en 1988.
Je vous remercie de votre attention et des retours qui pourront m’être faits. M. Combes, j’apprends que votre livre « la ballade d’Aubervilliers » est en rupture ?
A bientôt, Noëlle Delaunay née Garcia Fernandez