Archive pour août 2010

Tahar Ouettar

Dimanche 29 août 2010


Un intellectuel communiste algérien

 

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Portrait de Tahar Ouettar, par Francis Combes, 1993.

 

Après le décès de Tahar Ouettar, à l’âge de 74 ans, à Alger, Francis Combes a publié dans L’Humanité du 16 août, l’article suivant :

« Tahar Ouettar est considéré comme l’un des principaux écrivains algériens arabophones, connu et étudié dans tout le monde arabe. En France, plusieurs de ses romans ont été publiés aux éditions Messidor.

Il a participé à la révolution algérienne et a connu, avec Boumediene, la prison pendant la lutte de libération nationale. Celui-ci président, Tahar fut l’un des rares cadres marxistes du FLN. Il a été, ensuite, directeur de la radio nationale. Ses romans et ses nouvelles n’ont cessé d’interroger la société algérienne. Ainsi L’As (peut-être son chef d’œuvre, qui prend place dans la littérature révolutionnaire aux côtés de La Mère de Gorki ou de Gouverneurs de la rosée de Roumain) raconte la guerre, vue du côté des combattants algériens. La répression et les tortures, mais aussi un épisode jusque-là tabou : la liquidation de maquis communistes par l’aile droite du mouvement nationaliste (à reparaître au Temps des Cerises).

Ces dernières années, la réception de son œuvre en France a été compliquée par une polémique après l’assassinat de Tahar Djaout. On lui a reproché une phrase malheureuse qui prolongeait un désaccord ancien entre intellectuels arabophones et francophones. Il n’empêche que c’est chez lui que j’avais fait la connaissance de Djaout, comme d’un autre intellectuel assassiné : Youcef Sebti.

De lui, qui fut un ami proche, je garde de nombreuses images ; en train de pêcher sur sa barque, composant des poèmes ou me disant de l’islamisme que c’était « le chant du coq égorgé… », une réaction sans espoir…

Ces dernières années, il a écrit plusieurs romans non traduits : La Bougie et les corridors, El Ouali Tahar retourne à son lieu saint et Le Saint homme prie, qui poursuivaient sa réflexion sur l’islam, l’obscurantisme, l’opportunisme politique.

L’un des derniers actes publics de cet intellectuel communiste a été de signer l’appel en faveur d’une Cinquième Internationale. »

 

En juin de cette année, l’association culturelle fondée par Tahar Ouettar, Al-Djahidyya, à Alger, a réédité la traduction arabe qu’il avait faite de mon premier livre de poèmes, Apprentis du Printemps.

Quelques vidéos de Sète avec quelques amie et amis

Samedi 7 août 2010

Francis Combes

Aragon (Au Vert galant jeté en Seine)

La cage du grillon (Cahier bleu de Chine)

La liberté des tourterelles (Cahier bleu de Chine)

Shanghaï (Cahier bleu de Chine)

Frigo in memoriam

Diderot (Cause Commune)

Chanson (La Fabrique du bonheur)

Délinquance (La Fabrique du bonheur)

Le Père Lachaise (Au vert galant jeté en Seine)

Allumez les étoiles (traduit en langue des signes)

Avenir (traduit en langue des signes)

Ballade pour un jeune SDF en la bonne ville

de Blois(traduit en langue des signes)

Être unis (traduit en langues des signes)

Cévennes ou le ciel n’est pas à vendre 1

Cévennes ou le ciel n’est pas à vendre 2

Cévennes ou le ciel n’est pas à vendre 3

 

Denise Boucher (Québec)

 

Lionel Ray (France)

 

Monzer Masri (Syrie)

 

Gérard Noiret (France)

 

Ghassan Zaqtan (Palestine)

 

Bruno Doucey (France)

Festival de poésie de Sète

Samedi 7 août 2010

J’étais invité, avec une centaine de poètes,

au festival de poésie de Sète,

Voix Vives, de méditerranée en méditerranée,

du 23 au 31 juillet 2010.

J’en rapporte quelques poèmes.

 

 

Quelques croquis de Sète

 

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Que me manque-t-il ?
Un verre de rosé frais ?
Une douce amie ?
Un rayon de soleil ?
Une mer méditerranée ?
Que me manque-t-il ?

- Rien.

Le monde entier.

Voir et écouter en cliquant
*

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Un pigeon marche sur le toit
tranquille
Il fait son petit tour

en propriétaire du monde

à peu près
autant que nous.

*
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Que fais-tu dans l’ombre,
à côté du jet d’eau ?
dans la fraîcheur des platanes ?

- Je goûte le soleil.

*
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La mer bleu pétrole
au bout de la rue qui descend vers le port….
La lumière orangée d’un soir d’été
sur les façades
et les grandes rues
de l’embarcadère…
Les lauriers rose en fleurs…
Un souffle d’air marin…

Ce n’est pas si mal
être invité
pour ce petit séjour
ici, sur la Terre.

*

La cabine téléphonique
se tient
seule, transparente et vide
sur la place.
Comme un ascenseur
pour s’envoler dans le soir
des conversations à longue distance
entre amoureux.
Mais désormais
plus personne n’utilise
la cabine téléphonique
et elle se tient là
solitaire, vide et transparente
sur la place
comme une veuve
fragile et vacante
à qui personne
ne rend plus visite
et qui s’ennuie.

*

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Overdose

Place du pouffre
un poulpe géant
attrape par les pieds
un enfant
en l’attirant au fond
du gouffre.

*

dsc44489.jpg   Ghassan Zaqtan poète palestinien.

Le poète arabe lit
dans la cour du jardin
et pendant qu’il évoque
les gens de Palestine
et que défile en silence
fantômes transparents
le cortège des esprits meurtris
de son pays absent,
derrière lui,
se balance doucement
un grand buisson de roses
dont les branches sans épines
font comme de longs doigts
au bout desquels dansent des jeunes filles
en robes roses.
Et ce buisson lui est
un trône,
un dais,
une palme,
pour dire
qu’il est ici
chez lui.
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« Je n’ai pas la constance des femmes de marins »
me dis-tu et cela fait un alexandrin.
Tu épousas pourtant hier un matelot
(Hier… il y a beau temps…). Mais ne va guère sur l’eau
            et son vaisseau
            auquel il tient
            c’est le tien.

*
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Accrochés à des potences en forme de croix
des dizaines de brocs en plastique bleu
attendent
dans le cimetière de Sète.

Les tombes ont soif.
Le souvenir des morts
a besoin pour survivre
de la vie des plantes.

*

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Un poète s’en va en barque,
poète d’eau douce et matelots,
sur les flots

Chante l’inconstance des jours
et la constance de l’amour,
voguant sur l’eau

Les vagues chahutent la barque,
Tiennent poète et matelots,
dessus les flots

Tanguent les mots, la barque bouge,
mais tombe une casquette rouge
hélas à l’eau…

Ah ! l’onde amère
            de la mer…

*
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Tout autour de la colline,
dans l’eau noire de la nuit,
l’île du Mont St Clair
entre étang et mer :
un collier de lumière
aux pierres éparpillées…
(Nous sommes encerclés d’humanité).

*

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J’écoute des poètes postmodernes
installés dans la petite cour d’une maison particulière.
(Leurs vers sans espérance me laissent perplexe…
Du poème, j’attends qu’il ait les pieds sur la Terre
et qu’il ouvre une fenêtre sur le ciel et sur la mer).
Je suis donc debout et je regarde le sol…
Et voici que mon regard distrait se pose
sur les orteils des femmes
à côté de moi.
Elles sont toutes en sandales, nu-pieds,
et les minuscules coquillages
de leurs ongles sont peints
couleur nacre
rouge cerise
noir de nuit
et même bleu clair.
(Pas besoin de lever la tête…
Les femmes portent la terre
et le ciel à leurs pieds).

Voir et écouter en cliquant

 

*

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Le goéland

Au jardin du Château d’eau
dans l’allée
entre les pelouses et les guinguettes
où nous sommes attablés
déambule un grand goéland blanc.
Il a l’air particulièrement fier de lui,
comme s’il était le gardien du parc
ou comme s’il venait de publier
son premier recueil
chez Gallimard.
(Ah ! facile, l’anthropomorphisme…
Tu profites que les goélands
ne savent pas lire
et ne peuvent pas te répondre…
Bon, c’est vrai…
Mais les poètes font ça depuis longtemps…)
Peut-être qu’en fait,
tout simplement
ce goéland
se prend pour un albatros…

 Voir et écouter en cliquant

*

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Soir d’été

« Il y a du monde, là-dedans »
me dis-tu en levant la tête vers un arbre
où piaillent des moineaux.
(Cet arbre est un HLM
pour les oiseaux).

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Dans la rue obscure
sautille et danse un adolescent
Il a une hanche d’homme
et une hanche de femme…
Il est le lointain descendant
du poète renaissant
Mellin de Saint Gelais.

Assis au pas d’une porte
l’adolescent aux cheveux longs
dialogue avec un chat
perché sur le rebord de la fenêtre
au premier étage.

On voit passer des ombres chinoises
dans le cadre éclairé des fenêtres ouvertes
autour de la place
qui sombre dans l’obscurité.

Ceux qui sont dedans vivent dehors

Dans le jardin public
une jeune femme arabe au foulard bleu
est assise dans l’herbe au pied d’un arbre
et ses enfants jouent avec deux petits lapins blancs.

Un ruisseau,
entouré de rocaille artificielle,
dévale de la colline
à travers le parc

et des jeunes filles s’y trempent les pieds
en retroussant leur jupe.

Un garçonnet
arcbouté sur ses petites jambes,
près du ruisseau,
envoie en l’air avec application
un beau jet d’or
qui fait un arc-en-ciel
dans la lumière
du soleil couchant.

*
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Pierre de lune

adulaire opalescence
céleste lumière sélénite
enfermée dans une pierre
tirée de la nuit terrestre

Elle a, bien sûr, des vertus magiques
et serait bonne pour l’équilibre conjugal
(quand elle est offerte en boucles ou en bagues…)

L’amour
la poésie
les pierres fines
et la beauté du monde…
ce sont de vieilles lunes.
Mais ces vieilles lunes
nous éclairent toujours.

*
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Toi,
tu es ma bonne étoile.

Mais la clarté de l’aube
ne te fait pas pâlir
et,
au grand jour,
tu ne t’effaces pas.

 

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