Archive pour mai 2011

Ferlinghetti

Lundi 23 mai 2011

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Lawrence Ferlinghetti au Café Trieste à San Francisco

 

En relisant Ferlinghetti

Ce frère en poésie
est un distributeur de joie.
Il vend (gratuitement)
du côté de North Beach
ou de l’Embarcadero
des cornets de glace bleu ciel.

D’après les analyses spectro-chimiques
elles ne contiendraient
aucune substance hallucinogène
mais ceux qui la goûtent
s’en vont en gambadant
tout nus dans la rue
sans tenir compte des flics
des militaires et des curés.
Quant à sa barbe-à-papa
elle provient des touffes de nuages
que ce garnement de 90 ans
arrache de temps en temps
aux poils célestes du bon Dieu
et à ses anges gardiens.
Puis, heureux de son méfait,
il saute sur son vélo
et disparaît en pédalant
derrière les collines
de San Francisco.

le 11/5/2011

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Lawrence Ferlinghetti, Ferruccio Brugnaro et Francis Combes au Trieste en juillet 2009.

La Ballade de Bobby Sands

Dimanche 8 mai 2011

Il y a trente ans, mourait Bobby Sands, républicain irlandais,

dans une prison de Mme Thatcher, au terme d’une grève

de la faim de 66 jours. Il avait 27 ans.Ce poème écrit

sur le moment a été chanté par Mireille Rivat.

Un extrait en cliquant ici.

 

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Juste après deux heures dans la nuit son cœur s’est arrêté.
Alors soudain se fait un grand silence.
Les soldats de l’Empire
britannique se terrent
serrés les uns aux autres
dans leurs cercueils de fer.
Big Ben se tait.
St George la honte au front se retire.
À Westminster dans les salons
même les fauteuils font le dos rond.
La nuit d’Irlande se tient debout
derrière une momie nommée Thatcher ;
pour elle il est toujours cinq heures
elle boit son thé avec des gâteaux
secs trempés dans le sang.
Flottant sur le thé les yeux aveugles de Bobby Sands
sont du plus mauvais effet.
On croque en silence le petit doigt levé
des lambeaux de peau noircie.
l’Internationale des lâches
est invitée pour le goûter
mais les os, c’est dur à avaler.

Dans la rue, les enfants de Belfast
portent leurs cheveux verts
des jours de colère
leurs cheveux d’herbes folles qui conquièrent les collines
au-dessus de la mer
et dans leurs mains ils serrent
comme des grenades
des mottes de leur terre.

Mai 1981

Publié dans Cause Commune au Temps des Cerises, éditeurs