La fin des sortilèges
Fut un temps les amours étaient au purgatoire ;
On épousait la terre, les châteaux et les veaux,
Barbe Bleue enfermait ses femmes dans l’armoire,
Quand d’autres en cheveux traînaient au caniveau.
En ce temps les poètes érigeaient des statues
À Éros, dieu martyr, dans leurs chants, sur les places,
À la femme, intouchable, impavide mais nue
Et les feux de l’Amour lançaient des traits de glace.
Aujourd’hui, ma chérie, nous pouvons nous aimer
Sans crainte, et la femme de l’homme étant l’égale,
Il nous suffit d’un baiser pour réanimer
Les statues de l’amour, les prendre par la main
Et, les faisant descendre de leur piédestal,
Les entraîner par les rues et par les chemins.
Le 11/V/2013
Sacerdoce de la joie
Je porte en moi la joie comme une croix offerte,
Une plaie lumineuse en ma poitrine ouverte.
Je porte en moi la joie comme un beau sacerdoce
Terrestre et le combat contre l’ennui atroce.
Bien sûr, je sais, ici la joie n’est guère de mise.
(Le bonheur sur la Terre serait partie remise).
Qui est heureux, dit-on, ne peut être sérieux.
Le grand art, paraît-il, réclame d’autres jeux…
Le bonheur en ce monde est toujours importun…
Foin des prêches moroses ! Vraiment, peu m’importe un
Triste art qui ne saurait mettre le feu aux poudres.
Et tant pis s’il me faut apprivoiser la foudre,
Du bonheur je ferai ma profession de foi.
Poète, j’ai l’emploi de propager la joie.
Le 18/V/2013
Baluchon de soleil
Aimer est un fardeau qui nous rend plus légers.
Avoir souci de l’autre ainsi que de soi-même
C’est cela dira-t-on qu’on nomme « double peine »
Et c’est la double joie dont je suis affecté.
Aimer est un fardeau qui nous rend plus légers.
La colonne de l’homme sous son poids se redresse
Et la femme se sent des ailes de déesse
Car tous ceux qu’Amour frappe en sont privilégiés.
Chacun porte sur lui son sac plein de soucis,
Un sac lesté de pierres et de diamants aussi
Où brillent les éclats d’un soleil naufragé.
Va, trimbale dans les rues ton baluchon de rêves !
Aime, souffre, jouis… puisque la vie est brève…
Aimer est un fardeau qui nous rend plus légers.
Le 18/V/2013