Archive pour mai 2013

Trois sonnets

Lundi 20 mai 2013

Trois sonnets rodin-blog

La fin des sortilèges

Fut un temps les amours étaient au purgatoire ;
On épousait la terre, les châteaux et les veaux,
Barbe Bleue enfermait ses femmes dans l’armoire,
Quand d’autres en  cheveux traînaient au caniveau.

En ce temps les poètes érigeaient des statues
À Éros, dieu martyr, dans leurs chants, sur les places,
À la femme, intouchable, impavide mais nue
Et les feux de l’Amour lançaient des traits de glace.

Aujourd’hui, ma chérie, nous pouvons nous aimer
Sans crainte, et la femme de l’homme étant l’égale,
Il nous suffit d’un baiser pour réanimer

Les statues de l’amour, les prendre par la main
Et, les faisant descendre de leur piédestal,
Les entraîner par les rues et par les chemins.
  Le 11/V/2013

Sacerdoce de la joie

Je porte en moi la joie comme une croix offerte,
Une plaie lumineuse en ma poitrine ouverte.
Je porte en moi  la joie comme un beau sacerdoce
Terrestre et le combat contre l’ennui atroce.

Bien sûr, je sais, ici la joie n’est guère de mise.
(Le bonheur sur la Terre serait partie remise).
Qui est heureux, dit-on, ne peut être sérieux.
Le grand art, paraît-il, réclame d’autres jeux…

Le bonheur en ce monde est toujours importun…
Foin des prêches moroses ! Vraiment, peu m’importe un
Triste art qui ne saurait mettre le feu aux poudres.

Et tant pis s’il me faut apprivoiser la foudre,
Du bonheur je ferai ma profession de foi.
Poète, j’ai l’emploi de propager la joie.
Le 18/V/2013

Baluchon de  soleil

Aimer est un fardeau qui nous rend plus légers.
Avoir souci de l’autre ainsi que de soi-même
C’est cela dira-t-on qu’on nomme « double peine »
Et c’est la double joie dont je suis affecté.

Aimer est un fardeau qui nous rend plus légers.
La colonne de l’homme sous son poids se redresse
Et la femme se sent des ailes de déesse
Car tous ceux qu’Amour frappe en sont privilégiés.

Chacun porte sur lui son sac plein de soucis,
Un sac lesté de pierres et de diamants aussi
Où brillent les éclats d’un soleil naufragé.

Va, trimbale dans les rues ton baluchon de rêves !
Aime, souffre, jouis… puisque la vie est brève…
Aimer est un fardeau qui nous rend plus légers.
Le 18/V/2013

Maïakovski, la révolution de l’amour

Lundi 20 mai 2013

Mon dernier papier dans Cerises sur Maïakovski :

Maïakovski, la révolution de l’amour maia

Lire en cliquant.

Confessions d’un pigeon

Jeudi 9 mai 2013

Confessions d'un pigeon pigeon3

1

Si j’étais un pigeon
Ma vie serait très différente.
Je passerais mes journées
À me baguenauder en ville,
À fureter, de ci de là,
En quête de pitance
Je boirais l’eau du caniveau,
Je traînerais sur les trottoirs
Et respirerais à pleins poumons,
Sans me plaindre, l’air vicié
Du printemps dans Paris.

2.

Si j’étais un pigeon
De temps en temps je roucoulerais,
Je ferais le joli cœur
Je me rengorgerais
Dans mon plastron nacré
Je lisserais mes plumes
Avec mon bec
Pour me recoiffer
Et ne pas ressembler
À un vieil oiseau déplumé
Et quand Dame pigeon
Me regarderait
Il pourrait m’arriver
De me trouver beau.

3.

Si j’étais un pigeon
Il arriverait que certains
(Ceux qui m’aiment bien)
Disent de moi :
Francis est trop gentil,
Il a tendance
À trop faire confiance…
Et d’autres, moins gentils,
N’hésiteraient pas sur mon compte
À répandre des calomnies,
À prétendre par exemple,
Que je transporte des parasites,
Voire, peut être, même
Que je serais brun
Alors que j’ai le cœur rouge
Et un plumage gris perle
A reflets bleu et rose.

4.

Si j’étais un pigeon
On ne ferait guère attention à moi,
Je ne passerais pas à la télé,
Je n’aurais pas de compte en Suisse,
On ne trouverait pas mes livres
En pile et en tête de gondole
Dans les grandes librairies
Et personne, probablement,
Ne songerait à moi
Pour la saison des prix…
Alors pourquoi changer
De peau, de poils,
De plumes, de vie ?

pigeon2

5.

Mais si j’étais un pigeon
De temps en temps
D’un simple coup d’aile,
J’irais voler
Sur la plus haute branche du marronnier,
Ou me poser sur un balcon,
Pour picorer quelques miettes
Et jeter un coup d’œil
Bref et totalement indifférent,
À la belle femme nue
Qui sort de sa douche
Et passe dans sa cuisine
Pour se faire un café.

Je pourrais aussi, parfois,
En toute impunité,
Lâcher une fiente
Sur la casquette
D’un policier.

pigeon1