Je suis repassé par le village de mon enfance
Dans les Cévennes, au pied du Trenze à la tête de granit.
En juillet, les châtaigniers ont le chef étoilé
et couronnent le pays de leurs chatons dorés.
A midi, la rivière espiègle cachée au flanc de la vallée
Est toujours là ; transparente et fraîche au milieu des rochers,
Avec la menue monnaie de ses galets pour faire des ricochets,
Ses libellules bleues, ses éphémères,
Et ses goujons que rien, depuis des millénaires,
Ne semble déranger, pas même les baigneurs…
Près de l’entrée du village
Les antiques pompes à essence ont disparu.
Et la nuit, on ne voit plus les étoiles
A cause de la clarté des lampadaires électriques.
Dans la ruelle près de l’école, il n’y a plus de pensées.
Mais de la rue d’en haut à la rue d’en bas,
De la fontaine du curé au lavoir près du Temple,
le même ruisseau traverse toujours le village
et son eau sans cesse se renouvelle
avec la même chanson entêtante.
Il y a toujours des enfants
(Même si ce ne sont plus les mêmes)
et des jeunes gens, amoureux peut-être…
Au petit matin, il y a aussi un âne
Répondant au nom de Saturne
Qui trotte en liberté dans les rues.
Evadé de son enclos, il va boire à la fontaine
Puis disparaît derrière l’angle d’une maison grise.
Et le soir, une femme solitaire se promène
Portant sur la tête
l’halogène de sa chevelure rousse.
Quant à moi,
Après mon petit tour,
De retour à l’hôtel Chantoiseau,
Je dois faire le mur
Pour rejoindre mon amour.
Et c’est un exercice qui, plus que le souvenir et la nostalgie,
Vous rajeunit.
Le 11/07/2013