Dans la douceur violette du soir qui descend
Près des dunes et des mielles qui bordent le rivage
Je suis comme un portique déserté des enfants
Un goéland s’envole vers le soleil couchant
Il décolle en rasant le sable de la plage
Ma charpente accueillante laisse passer le vent
Mes poulies s’entrechoquent, mes vertèbres se coincent,
Les enfants ont longtemps joué dans mes haubans
Ma carcasse à présent comme un vieux gréement grince
Je fus un temps pour eux un terrain d’aventure
Un bateau pirate, un trampoline, un banc
Un boxeur, un cheval de tournoi, une monture…
Pendu à la potence que mes épaules font
Comme une balançoire, mon cœur est accroché
Et il cogne toujours, dans ma poitrine, au fond
Mais pour combien de temps ?… voici l’heure du jusant
La vie a son estran étrange qu’on ne sait
D’avance mesurer… vivre est un jeu usant
Dont ne me lasserai je crois d’ici longtemps…
Des jeunes sur le rivage ont fait une flambée…
Un jour, j’arracherai mes poteaux du ciment
Et le long de la mer vers le soleil couchant
Je m’en irai content, à grandes enjambées
Dans la douceur muette du soir qui descend.
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