Les soutiens-gorge de la lutte des classes

Les soutiens-gorge de la lutte des classes dans actualités sans-soutif

«  On pouvait sous son pull voir pointer ses tétons. »
déclara furibond le patron pudibond.

C’est ainsi qu’une femme douce comme un sucre d’orge
Fut chassée pour n’avoir pas mis de soutien-gorge.

Malgré remarques, avertissements et requêtes
L’ouvrière s’entêtait à faire la forte-tête.

Ce genre de fantaisie, d’effrontée singerie,
N’a pas sa place dans une fabrique de lingerie.

Et à la fin cela perturbait le travail
(Laure, il est vrai, n’était pas un épouvantail).

En fait, pour travailler elle mettait une blouse
Et nul ne s’en plaignait, sauf une ou deux jalouses,

Plus le chef qui rêvait la mettre dans son lit.
Les gars de l’atelier par contre étaient ravis.

Jamais un fournisseur, un client de passage
Ne vînt à protester contre ces seins peu sages

Quand par hasard ils les croisaient, mutins et libres,
pendant qu’elle rembobinait le coton en fibre.

Et pourtant le patron n’avait pas du tout tort
De lire la rébellion dans les deux seins de Laure.

Refuser d’arborer le confortable emblème
De l’usine sur son buste pose un sérieux problème.

De l’esprit d’entreprise, c’est un déni flagrant
Voire même une entreprise de dénigrement.

(On ne peut pas, madame, bosser dans cette usine
Et laisser sous son pull deviner sa poitrine.)

Cela s’est passé dans l’Aube, quelque part dans l’Est…
Dès lors, les seins de Laure me furent un Manifeste.

24 août 2013

2 Réponses à “Les soutiens-gorge de la lutte des classes”

  1. jeannot dit :

    Bonjour,
    nous sommes un petit groupe musical de 4 amis qui s’appelle « La Poule Blanche ». Nous chantons exclusivement nos compositions, ma compagne Corinne écrivant les textes et moi-même composant les musiques. La lecture de votre poème « Les soutiens-gorge de la lutte des classes » m’a immédiatement inspiré une mélodie sans aucune prétention. Accepteriez vous que nous ajoutions votre texte mis en musique dans notre modeste répertoire.
    Je me tiens à votre disposition pour vous faire parvenir la mélodie où même pour l’enregistrer afin que vous puissiez juger si elle correspond à ce pourriez attendre d’une mise en musique de ce texte.
    En vous remerciant par avance

    Cordialement

    Marc JEANNOT

  2. franciscombes dit :

    Je viens de voir votre commentaire. bien sûr, je serais heureux d’entendre votre composition. Pour moi, poésie et musique devraient entretenir des relations plus étroites. Si vous souhaitez me joindre, je vous donne mes coordonnées :
    francis.combes31@gmail.com
    tel : 06 15 50 62 10

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