La journée du 18 mars 1871
C’est à l’aube sur la Butte, à l’heure où Paris s’éveille
quand tintent les pots du laitier entre les mains des femmes
et que les rouliers descendent chez le marchand de vin,
c’est le 18 à l’aube que fut découvert le forfait.
Profitant de la nuit, les hommes de l’état-major
ont envoyé la troupe occuper les quartiers
et comme des larrons, ils se sont emparés des canons.
À bras d’hommes, ils ont fait descendre des terrains
vagues de la Butte vingt pièces d’artillerie
mais, arrivés à mi-pente, l’alarme a été donnée
les premiers gardes nationaux se sont retrouvés au Château rouge.
Louise descend, son fusil sous le manteau et crie
les unes après les autres, toutes les femmes ouvrent
persiennes et volets
et se rassemblent dehors, dans l’air turbulent du petit matin.
Soudain, on sonne le tocsin et par les rues où les tambours battent la générale,
de tous les coins de Montmartre, la foule se met à ruisseler.
Bientôt la troupe est entourée de femmes, d’hommes et d’enfants
par milliers qui la submergent et l’empêchent d’avancer
une foule paisible énorme et menaçante
qui grimpe sur les affûts, hèle les officiers, fraternise avec les soldats,
une foule comme une mer à marée haute, une houle immobile, bruissante et multipliée, une foule puissante et décidée
qui sans violence ou presque reprend ses canons.
(Dans un jardin du Marais, ce jour-là deux officiers
seulement se feront fusiller)
Dans le ciel les nuages de mars roulent des pensées
guerrières et joyeuses,
un doux soleil dore la gueule fraternelle des canons.
Sans préméditation, et par simple mouvement
d’auto-défense, le peuple a fait sa révolution.
Et les membres du Comité central, sortis de leur lit, vont rejoindre les nouveaux maîtres de la cité.
Mars a déboulé dans le cœur de Paris
et il tourne dans les têtes ensoleillées, terrible et pacifique
(les débuts le plus souvent sont terribles et pacifiques)
comme les roues géantes d’un char fleuri.
Les nuages passent par-dessus l’épaule de la Butte et dévalent la colline à la rencontre du cortège des
vainqueurs qui remontent
stirant leurs trophées.
Thiers et les siens ont détalé et se sont réfugiés à Versailles.
Paris emprisonné,
Paris assiégé
va donner au monde entier l’exemple de la liberté.
Paris, aujourd’hui vainqueur et demain martyrisé,
va laisser au monde
le rêve de la République sociale des citoyens associés,
la grande Fédération fraternelle des communes.
Ce poème en hommage à la Commune est extrait de Cause Commune, prochainement réédité par Le Temps des Cerises.
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La Commune de Paris
3 Réponses à “La Commune de Paris”
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A quand ferons nous la même chose, il sera bien temps
le poème et la lutte font une bien belle chanson de geste qui rappelle le courage du peuple de Paris. C’est le moment où jamais de l’évoquer
Merci pour ce poème !