Le pauvre est-il recyclable ?
Le Mardi 23 avril, à Breuiller
localité paisible de l’Essonne,
à sept heures trente du matin un passant
sur le parking du centre commercial
a vu deux jambes inertes dépassant
du conteneur à vêtements.
Malgré l’intervention des pompiers
qui ont arraché le couvercle de métal,
l’homme âgé d’une vingtaine d’années
et dont on ignore toujours l’identité
n’a pas pu être réanimé.
Probablement mort étouffé.
(Dans l’obscurité.
Pire qu’un lapin pris au collet).
La France compte aujourd’hui vingt-cinq mille
conteneurs destinés au recyclage
des vêtements usagés ;
entreprise solidaire, écologique et caritative
dédiée à la lutte contre la précarité
et la pauvreté.
(J’ai vu, plusieurs fois, près de chez moi
des Roms, tenant un des leurs,
un enfant, par les pieds pendant
qu’il plongeait la tête la première
dans le conteneur
pour récupérer des vêtements).
L’enquête de gendarmerie
dira s’il s’agit bien ou non d’un accident.
Peut-être le système était-il défectueux ?
Peut-être laissait-il en effet encore une ouverture
par où les pauvres pouvaient se glisser.
Ce drame conduira sans doute
à un nouveau perfectionnement
de l’industrie solidaire, écologique et caritative
de lutte contre la pauvreté et la précarité
afin de supprimer toute ouverture
par où des pauvres pourraient passer
pour ramasser
les habits usagés que nul
ne veut plus porter.