Seul dans la salle des pas perdus
J’ai loupé la correspondance,
Et je t’attends, mon espérance…
Ô mon amour, où donc es-tu ?
Il fait froid… Dans le hall central
On se réchauffe aux braseros.
La gare est une cathédrale
Où ne convolent que les oiseaux.
Qui de nous deux l’autre a manqué ?
Lequel a pu se tromper d’heure ?
Lapin posé par le bonheur
Notre histoire est restée à quai.
Nous avions rêvé d’embarquer
Sur un express pour le futur ;
Mais nous n’avions pas remarqué
Les roues manquant à nos voitures…
On a mis en réparation
Dans l’atelier notre motrice.
On cherche, mobilisatrice,
La clef d’une révolution…
J’en connais qui se sont lassés
D’attendre encore un jour la belle.
Tournant le dos, ils ont laissé
Leurs billets doux pour la poubelle.
Ils ont mis l’espoir en consigne
Et maintenant, l’esprit tranquille
Ils s’en vont à travers la ville
De l’homme n’attendant aucun signe.
Eux savent de quoi il retourne :
(Sages, orphelins, seuls sur la Terre)
Que rien ne change, que la roue tourne,
Que toujours tout va de travers…
Mais qu’éclate soudain la grève
Et les voici « martyrs », « otages »…
(Amours folles, utopies et rêves…
J’en sais qui en ont passé l’âge.)
La gare est une vaste église,
Chœur sans dieu qu’hantent les oiseaux…
Mon cœur, entends, quoi qu’on nous dise,
Déjà l’avenir perd les eaux…
Ah ! Ils sont libres comme l’air
Eux de ne pas se croire nos frères…
Retrouvons, salle des pas perdus,
Notre amour qui n’est pas perdu…
le 27/09/2014
