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Archive pour décembre 2014

La prosopopée des chaises

Mardi 30 décembre 2014

Vu sur Internet :

chaises

La prosopopée des chaises

Le texte entier :

La prosopopée des chaises

Vous ne dites rien, vous restez là, toute la journée,
coi et buté dans votre coin.
Vous êtes une chaise.
Vous avez la tête… dure, on dirait du bois, vous êtes émotif…
sentimental comme un moulage plastique, sensible à la beauté comme un tube d’acier
ce qui est normal
puisque vous êtes une chaise.
Vous êtes d’une patience à toute épreuve, vous ne faites pas de politique, vous n’avez d’ailleurs aucune opinion personnelle sur aucun sujet particulier,
car vous êtes une chaise.
Vous tournez obstinément le dos à l’étranger qui entre dans la maison, vous regardez la table de la salle à manger, comme si vous aviez peur qu’on vous la vole,
vous êtes étroit et raciste.
Vous êtes une chaise.
Vous passez votre temps à quatre pattes, prostré là où on vous a posé, dans la cuisine ou le salon,
vous n’avez pas de revendication,
vous faites votre boulot sans l’ouvrir, jusqu’au jour où malencontreusement vous vous
cassez une patte,
alors on vous jette ;
car vous n’êtes qu’une chaise.
Si vous aviez fait des études, si la fortune vous avez souri, vous auriez pu prétendre au rang de siège.
Mais vous n’êtes qu’une chaise.
Vous prenez des airs distingués, vous vous tenez toujours droit, vous êtes particulièrement guindé et collé monté,
mais n’importe quel cul peut se poser sur votre nez,
vous ne protestez jamais.
Je crois que vous êtes une chaise.
En fait,
vous êtes sourd et idiot.
(Peut-être bien que vous êtes une chaise.)
On vous a vu dans une taverne
chevauché par des soudards dansant une ronde endiablée autour de la pièce,
vous ne vous souvenez bien sûr de rien.
Vous ne connaissez pas l’Histoire.
Vous êtes une chaise.
Vous avez oublié le bruissement des forêts, les confidences de l’humus, le cri du geai,
vous ne connaissez rien de la nature.
Vraiment, vous êtes une chaise.
Pour vous le monde est rond ou carré,
quelle que soit votre taille, votre couleur ou votre forme, vous répondez
au concept de chaise,
comme un chien répond à l’appel de son maître.
Pourtant, vous ignorez tout de la philosophie,
vous ne possédez pas le moindre rudiment de dialectique,
vous ne soupconnez rien de votre double
nature
de valeur d’usage et de valeur d’échange
et ce qu’on fait de vous, malheureux, ne vous fait ni chaud, ni froid.
Vous êtes une chaise…
Et maintenant,
vous me dites que ce n’est pas vrai,
que vous en avez assez de ce poème,
et que, d’ailleurs, vous n’êtes pas une chaise…

D’accord…
Alors,
prouvez-le.

(in Si les symptômes persistent, consultez un poète, Le Merle moqueur / Le Temps des Cerises)

 

 

Bonne année 2015

Lundi 29 décembre 2014

starfield whirl

Le pont des rêves

Lundi 22 décembre 2014

Max+Ernst

Le pont des rêves
à Patricia

Je dors, ma main posée sur toi
Nos bras dans la nuit forment un  pont
Et dessous passe au fond du lit
Le flot des rêves, l’eau du sommeil,
Qui nous sépare et nous unit

Dormir à deux, chacun devrait
y avoir droit,  avoir des bras
autour de soi, pour remonter
de la crevasse, du glacier
l’amour est premier de cordée

Je dors, ma main posée sur toi
fleuve en débâcle du sommeil
emporte les glaçons des rêves
qu’au matin j’aurais oubliés
mais qui voyagent encore en moi

Nos bras dans la nuit forment un pont
de chair et nous nous retenons
dérivant sur le radeau nocturne de nos vies solaires
Puis nous remontons vers le jour
L’amour est  solidaire.

Dimanche 21 décembre 2014

Sur une vieille pipe

Dimanche 14 décembre 2014

pipe Lénine


Sur une vieille pipe

à Pierre Durand

C’est une vieille pipe qu’un ami m’a offerte
Posée sur un rayon de ma bibliothèque,
Sagement, devant Marx, près de la poésie.
Une pipe à la retraite qui ne fume guère.

C’est une pipe en bois usinée à Saint-Claude.
L’artisan a sculpté la tête de Lénine
Qui sourit malicieux tout en plissant les yeux,
L’air de dire « Cette histoire n’est pas encore finie ».

Celui qui me l’a donnée était journaliste ;
Un ancien résistant, compagnon de Fabien.
Lui-même ne fumait plus. Et moi, comme asthmatique,

J’y touche rarement ; parfois je la soupèse,
La prends en main et la caresse… Dans son foyer
Reste un peu de tabac qui n’attend qu’une braise.

14/XII/2014

 

Peuple et bonheur

Lundi 8 décembre 2014

Mon dernier papier dans Cerises.

Boris Vian - La vie Jazz