Élégie pour une mère
Maman, je te parle mais tu n’es plus là
Et nous savons que tu ne reviendras pas.
La maison ne se fait pas à ton absence
Ta voix nous manque, tout autant ton silence.
Institutrice, jardinière en gamins,
À la retraite, tu pris soin du jardin
Élevant des fleurs, veillant sur les parterres
Peignant doucement les cheveux de la terre.
Tu te tenais droite… pas comme un piquet
Tuteur, instituteur… tenir, se tenir
C’est aider les plants à pousser et grandir.
(Même de cela je garde le regret.)
« On devient adulte en perdant un parent… »
Nous nous sentons plutôt comme des enfants,
Ces trois petits à qui tu donnais la main…
À la fin c’est eux qui te tenaient la main.
Ne t’ont pas alourdie les années passées ;
Leur gomme au contraire t’aurait presqu’effacée.
Tu es devenue légère, trop légère…
(Tu n’es pas de ceux qui pèsent trop sur Terre).
Maman, ceux qui meurent se changent en images
Vivant dans les cœurs de ceux qui vont survivre…
Je te verrai toujours courir sur la plage
Avec nous, élancée, lumineuse et libre.
Svelte et belle, comme un arum, une jonquille…
Même si le temps fait pâlir les couleurs
À jamais tu resteras la jeune fille
Au milieu du pré dans une robe à fleurs.
Tu es la fleur absente de ton jardin,
Celle qui ne fut pas encore plantée,
La rose trémière belle et fière en été.
Maman, ta beauté en nous vivra demain.
le 16 Juillet 2015