Mets un peu plus de rouge…
(chanson)
Si ta joue est trop pâle et que ta lèvre est fade,
si tu es fatiguée, si tu es mal lunée
si tu veux réveiller ton sourire de beauté,
mets un peu plus de rouge, ma belle, mets un peu plus de rouge !
Si la table est trop triste et le tableau banal
si le plat est trop plat, si tu n’as goût à rien
si tout manque de sel, de passion et de force
et si l’eau dans ton verre elle aussi est trop plate
mets un peu plus de rouge, mon vieux, mets un peu plus de rouge !
Si je jour est livide, la campagne embrumée,
si la terre et le ciel sont privés de soleil
si le pays s’endort indifférent aux autres
égoïste, impuissant, comme paralysé,
pris dans la camisole de l’ordre et du confort
mets un peu plus de rouge, mon frère, mets un peu plus de rouge !
Si la ville est blafarde, si la vie est trop terne,
si les matins sont mornes, et le monde sans rêve,
si l’histoire s’est mise à faire marche arrière
si dans la rue le peuple passe sans espoir
si l’arc-en-ciel lui-même a perdu ses couleurs
et que le drapeau de la révolte est en berne
mets un peu plus de rouge, camarade, mets un peu plus de rouge !
Le 20-IV/2016
Un texte aux multiples connotations. Une carmagnole pour ce début de siècle esclavage et médiatisé a outrance. Le capitalisme n’a plus la tronche du patron portant chapeau haut – de – forme et fumant un gros cigare made in havana mais celle d’actionnaires anonymes et doues du pouvoir d’ubiquite, » maitres du monde » ( l’expression fut inventée par Jules Verne ).
Bravo le poète. Francis Combes dans la lignée des Aristide Bruant et des Boris Vian.
Kamal Zerdoumi, poete.
superbe Francis il faut la chanter dans la gréve générale reconductible nécessaire pour le changement radical de cette société pourrie
Merci, Francis, j’aime beaucoup. C’est un poème qui vient à point : à sa juste heure.
Je pense aussi à Giono : « Le silence et le blanc font un tel vide qu’on a envie de mettre du rouge et des cris dans tout ça avec n’importe quoi. » (Les Grands Chemins, Pléiade, p. 538). Mais nous disons aujourd’hui : avec la révolte pour balayer tout ce qui rend (tous ceux qui rendent) la vie exsangue.
Amitié.
Laurent Fourcaut