Grève générale
Ils ont mis le feu aux palettes et aux pneus
à l’entrée du dépôt de carburant
pour empêcher les camions de ravitailler les pompes.
« Ça va leur chauffer les fesses là-haut ! », s ‘exclame Jérôme
(Il ne pense ni au sexe des anges ni aux petits oiseaux).
La nuit est fraîche, le printemps est récalcitrant.
Sur le piquet de grève, ils sont plus de deux cents ;
La fournaise des colères réchauffe l’atmosphère.
Quand on ne les écoute pas, quand on ne veut pas les voir
quand ceux qui sont en haut refusent d’entendre ceux qui sont en bas
les travailleurs n’ont pas d’autre choix.
Les cheminots
qui tous les jours assurent les transports de millions de passagers
mettent les trains à l’arrêt…
Les dockers qui désengorgent les navires et les ports
laissent tout à quai…
Les électriciens qui veillent sur le feu nucléaire
lui disent de se taire…
Les ouvriers de la raffinerie qui délivrent d’habitude le sang noir
qui alimente tout le système circulatoire
du pays coupent le robinet…
Pour tout débloquer
les travailleurs n’ont pas d’autre choix
que bloquer tout.
Et voici que soudain tout le monde voit
ceux qui d’ordinaire sont invisibles,
ceux auxquels on ne fait pas attention,
ceux qui ne passent pas à la télévision.
C’est quand plus rien ne tourne
que chacun peut voir
grâce à qui la Terre tourne.
Dimanche 29 mai 2016