La verrière

verrière usine


La verrière

L’usine détruite laisse voir sous le ciel à nu
sa verrière où se reflètent les jours chômés ;
verrière abandonnée, hommes mis au rebut…
Les usines sont les cathédrales martyrisées
de l’âge de l’industrie.
Mais la classe ouvrière aujourd’hui crucifiée
sur le trepalium du marché mondial
demain ressuscitera
plus forte encore.

L’histoire des prélats et des maîtres
préfère ne rien savoir
de ceux qui ont œuvré dans le noir à leur gloire :
constructeurs de cathédrales et de palais,
serfs, paysans,
ouvriers,
peuples colonisés,
salariés, précaires
dont jamais ils n’ont pu se passer,
et dont ils ne se passent toujours pas,
prolétaires des quatre coins de la Terre
dont l’heure un jour viendra.

 

Même si le rêve en semble aujourd’hui impossible,
un jour viendra leur tour,
le jour où les lois de l’économie
seront pour tous transparentes comme la verrière
de l’atelier par où passe la lumière du soleil
qui tombait comme une bénédiction,
une brûlure ou un sourire fraternel,
sur le poste de travail,
la machine-outil, la fraiseuse et le tour
maintenant endormis…

Ce jour viendra
quand les prolétaires
venant des quatre coins de l’horizon
innombrables et transparents
comme les gouttes de pluie
glissant sur la verrière
formeront dans les rues de la ville
une seule rivière
et à leur tour licencieront
les lois sacro-saintes du marché.

 Poème figurant dans le recueil « Arsenal-Traces »,
(sur la fermeture de l’Arsenal de Tarbes)
publié par la Malle d’Aurore et René Trusses
avec des textes de vingt poètes
et des photos d’Ili Endewelt

 

Une réponse à “La verrière”

  1. JOEL GOUBERT dit :

    Salut Francis, comme j’aimerais que cela se réalise, mais avec une gauche anti-libérale désunie je suis inquiet pour l’avenir. Cordialement, Joël.

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