La banlieue où je vis est toujours en désordre

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La banlieue où je vis est toujours en désordre

La banlieue où je vis est toujours en désordre
un canapé y gît rouge sur le trottoir
où traîne une télé, cassée, abandonnée
un jeune assis dessus parle avec ses copains
ils boivent des cocas et se fument des joints.
En marchant dans la rue, on croise des cartons
des cagettes brisées, des canettes de bière

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et même un vieux manteau dans l’eau du caniveau.
La terre du dénuement n’est pas un lieu désert
c’est un lieu encombré et envahi d’objets
territoire du rebut, dépotoir en plein air
où échoue le surplus de la consommation
marchandises vaincues, échouées, inutiles
comme après le reflux, quand s’en va la marée
aux bras de son amante, une lune esseulée.
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La banlieue où je vis est toujours en désordre…
Vers les Quatre chemins, à l’entrée du métro
« Marlborough, Marlborough » répètent à voix basse
trois vendeurs à la sauvette de cigarettes.
Ici, le monde entier s’est donné rendez-vous
mais si c’est ça le monde, il ne va pas très bien
et le plus grand désordre est l’homme déserté
par ses rêves de vie, son espoir, sa fierté
toute une humanité amputée du futur
qui n’ose imaginer des lendemains plus beaux.
Oui, le plus grand désordre est ce jeune vaincu
qui ne voit devant lui pas le moindre avenir
convaincu qu’il vivra moins bien que ses parents
et qu’il n’est ici-bas pour lui pas plus de place
que pour cette carcasse de scooter incendié.
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La banlieue où je vis est toujours en désordre
pays jamais fini où tout est mouvement
inlassable chantier où tout reste possible
terrain vague, atelier, labo du jour qui vient
il porte la couronne de l’inachèvement.
Il y pousse des femmes, orchidées et panthères
ou gazelles (en ces lieux ce n’est pas exotique)
de toutes les couleurs, libellule, élastique
sur le point de rugir, de bondir dans l’arène
le cirque des douleurs et des joies et des peines.
Elles chevauchent leur vie, ne veulent pas de rênes
s’imaginent princesses, amoureuses et reines
mais leurs princes charmants enfourchent leurs motos…
Cette ville habillée de son manteau de lèvres
est la cage où palpite tout un essaim de rêves…

 

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2 Réponses à “La banlieue où je vis est toujours en désordre”

  1. Orlane Voisin dit :

    Cher Monsieur,
    n’ayant pas trouvé d’adresse mail sur votre site, je me permets de vous écrire ici. Je suis actuellement étudiante à la Sorbonne, et dans le cadre de l’un de mes cours, j’aimerais diffuser les poèmes d’ Attila Jozsef ( j’ai crée un blog afin que les lecteurs s’expriment notamment sur son poème « Ode »). J’ai cru comprendre que vous avez vous-même traduit ce poète. Ainsi, j’aimerais, si vous le souhaitez, avoir un échange avec vous à ce propos.

    Je vous en remercie par avance,

    Bien cordialement,

    Orlane Voisin.

  2. Orlane

    Oui nous pouvons parler d’Attila Jozsef. J’ai en effet traduit certains de ses poèmes (ils sont publiés dans le recueil paru au Temps des Cerises et intitulé « Attila Jozsef, Le mendiant de la Beauté » (qui présente aussi des traductions faites par Cécile Holdban et Georges Kassai). Mon adresse courriel :
    combes-francis@orange.fr

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