Dimanche de printemps – le soleil n’est pas au rendez-vous.
Mais nous, nous sommes venus, nous nous sommes rendus
au chevet de la Nature, pour prendre son pouls.
J’arpente le chemin au milieu des champs détrempés par la pluie.
Sur les talus, poussent les fleurs jaunes des coucous,
les très simples primula veris, les primevères officinales.
Ici ou là, j’aperçois quelques violettes.
(Par chance pour elles, elles ne sentent rien,
je vais donc les épargner).
Comme je proclamais mon intention de parler des oiseaux,
un ami m’a fait remarquer que je n’en faisais rien.
Alors, parlons un peu des oiseaux !
Je suis venu ici aussi pour prendre de leurs nouvelles.
La grande presse nous dit qu’ils se sont envolés
et que la campagne désormais se tait.
Mais aujourd’hui j’entends toute la campagne
qui résonne en stéréo du chant des oiseaux.
Une alouette lance sa trille, très haut dans le ciel, au-dessus de ma tête…
Je l’entends mais ne la vois pas.
A l’approche du hallier, le geai que je ne vois pas non plus
jette son cri d’alarme.
Il y a par ici des merles qui chantent bien avant l’aube
(comme en ville)
mais aussi des mésanges bleues, des rouges-gorges, des pinsons,
des poules faisanes, des pouillots, des pic verts,
des tourterelles de Turquie, des faucons, des coucous,
et plus tard dans la saison, des hirondelles.
(Sans oublier les pies et les corbeaux).
Et partout au printemps, les prés et les taillis
sont envahis du chant des passereaux…
Imbéciles ! Ils n’ont pas compris
que – comme nous – ils avaient disparu !
On les croyait muets,
et les voici qui s’en donnent à cœur joie…
Ces écervelés chantent à tue-tête
tout comme nous, pour le simple plaisir,
semble-t-il, de chanter.
A moins que ce soit pour prendre congé…
Ou peut-être que ces oiseaux font de la Résistance.
Modestes oiselets, camarades anonymes…`
Oiseau… le mot le plus bref de la langue française
qui comporte toutes ses voyelles,
sans lesquelles elle ne chanterait pas.
Et nous, si les oiseaux venaient à se taire,
pourrions-nous encore chanter ?
(Il nous faut prendre garde au petit peuple ailé.)
(le 8/IV/2018)
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Dernières nouvelles des oiseaux
Dimanche 22 avril 2018Modeste demande
Lundi 2 avril 2018
Oui, je l’avoue,
j’en ai assez
(souvent)
d’écrire des poèmes contre la guerre,
le racisme,
l’exploitation,
l’injustice,
la destruction des hommes
et de la nature…
Je voudrais n’avoir à écrire
que sur les sujets
qui le méritent vraiment :
les femmes,
les enfants,
les fleurs,
les oiseaux…
Alors,
s’il vous plaît,
mes amis,
rendez-moi un petit service :
Débarrassez-nous
du capitalisme.