Le Musée Paul Valéry de Sète organise une exposition du 30 juin au 4 novembre,
sur le thème « Peinture et poésie ». Chaque toile, prise dans la collection du musée,
est accompagnée par le texte d’un poète contemporain.
Pour ma part, j’ai choisi le tableau de Marius Roy,
Le Rétamage (1833-1921) huile sur toile (155 x206 cm).
Sur la toile de Marius Roy, l’ouvrier qualifié
(avec une élégance de mousquetaire)
recouvre lentement d’une couche d’étain
un pot pour combattre l’oxydation.
(Scène pacifique valant bien des sujets militaires).
Entouré de ses pioupious apprentis
il transmet les gestes précis du métier.
A ses pieds, toute une armée en déroute d’ustensiles
attend d’être remise en ordre et de se rendre utile.
(Le peintre de métier ne dédaigne pas peindre les métiers).
Aujourd’hui, l’électrolyse a fait des progrès.
On ne rétame plus guère marmites et vieilles poêles…
La classe ouvrière
(ainsi que son histoire, dont elle peut être fière,
même si s’attachent à sa gloire
quelques casseroles)
a été mise au rebut.
Et c’est le travail lui-même qui est rétamé.
Pourtant, aux quatre coins de la Terre
Par la main, l’œil, le cerveau,
la machine-outil et l’ordinateur,
les nouveaux travailleurs (ceux qui continuent de se lever tôt)
s’attachent toujours à rétamer notre univers
pour le faire tourner, le rendre plus utile et plus beau.
Beau texte. Benjamin d’une nombreuse fratrie, j’ai eu maintes occasions de bricoler des » rétamages » de casseroles dans l’atelier de l’un de mes beaux-frères,( j’avais de 6 à 10 ans). Il fut longtemps rétameur avant que l’inox et le plastique ne l’obligent à changer de métier.