Plume de goéland posée sur l’eau,
La vague passe
et ne l’emporte pas.
Dans la cour de l’école déserte
les lauriers roses se balancent.
Où sont passés les cris d’enfants ?
Une plage – 7 h du matin :
un goéland – deux naïades
et un vieux cachalot.
À chacun, le soleil attribue
sa part d’ombre.
Et l’amour, sa part de soleil.
À peine arrivée au bord de la mer
la nouvelle voiture est tombée en panne.
Elle va nous offrir des vacances forcées.
À la terrasse du café –
malgré l’interdiction –
les pigeons picorent les assiettes.
Au siège du PS, à Sète,
trois roses dans la vitrine
(mais elles sont en plastique).
Les hirondelles s’affairent
Premières levées.
À ton tour de battre des ailes…
Trois jeunes gens sur la plage…
Ils tournent le dos à la mer
et plongent dans leur téléphone portable.
Chaque matin, à son balcon
la belle fume. Sans un regard
pour qui la regarde.
Pleine lune. Tu ne trouves pas le sommeil,
ma chérie qui vis au rythme de la lune.
(Moi, c’est à ton rythme que je vis).
Nuit de pleine lune. Éveillée,
tu lis un polar sur la terrasse.
(Je connais déjà la coupable).
Calme du matin sur les flots…
De l’eau, dépasse le goulot
d’une Veuve Clicquot.
Rapportés du marché, les abricots
petites boules lovées dans leur sac,
promesse de plaisir.
Mouettes rieuses, posées sur les vagues.
Comme nous, parfois elles ne volent pas
et elles ne rient pas toujours.
Au village, c’est l’heure de la messe.
En terrasse, au bar de la place
Fanny montre ses fesses.
Les roses trémières jaillissent du goudron.
Elles se dressent et fleurissent, élégantes, fières…
Et nous, faute de mieux, nous les admirons.
Un rouge-queue s’est perché
sur l’antenne télé.
Prêt pour le 20 heures.
Matin salué d’un pet sonore.
(« La poésie, pour certains,
est langage du corps ».)
Un chat noir et blanc remonte la rue.
Seigneur du village
à l’heure de la sieste.
Les cyprès tendent vers le ciel
leur longue barbiche de derviche austère
Mais le ciel n’en a cure et la Terre s’en fiche.
La tarentule, gecko nocturne,
escalade prudemment le mur d’en face,
dissimulant son double pénis.
En voilier, au milieu de l’étang de Thau
avec des huîtres et du vin blanc…
La vie est brève mais supportable.
Un poisson saute hors de l’eau.
Est-ce qu’il rêve
parfois de liberté ?
Poussé par le vent et les courants
notre vaisseau dérive…
Mais nous gardons le cap.
Perdus au milieu des eaux,
seuls sous le ciel,
ensemble sur la Terre.
Caressés par les derniers rayons du soleil
et bercés par les vagues…
Il va falloir rentrer.
La nuit, le mont Saint-Clair s’illumine.
Nous traversons les parcs à huîtres,
sombres cachots lacustres.
Dans la nuit, vers le port,
fixer une lumière dans le lointain
et tenir la barre.