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Archive pour décembre 2018

L’homme de l’âge nucléaire

Vendredi 28 décembre 2018

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Je pense à toi dans la rade de Cherbourg
et à tes hanches pleines comme des flancs de sous-marin .
(Toutes les femmes ont des hanches, comme les violoncelles et les vaisseaux
et toutes les femmes sont des vaisseaux de haute mer).
Mais où sont passés les parapluies ?
Où sont les robes à fleurs  ?
Où sont les demoiselles ?
Et la ronde des desserts,
fraises des bois, guirlande des pompons de la marine
pour jeunes filles romantiques et solitaires que l’uniforme émeut ?
« Ah ! que la guerre était jolie »
quand la chantait Apollinaire …
Mais l’attrait du beau militaire n’est plus ce qu’il était;
même la moustache réglementaire a perdu de son attrait.
Dard noir dissimulé à l’extrémité de la presqu’île du Cotentin,
en cale sèche, dans un bassin de radoub de la rade de Cherbourg,
sommeille Le Redoutable.

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Après une longue carrière de voyageur paresseux sillonnant les mers à petite vitesse
sans autre but que la promenade,
après avoir, en onze ans de bons et loyaux services pour la France, la dissuasion nucléaire et la gloire du général De Gaulle,
fait plus de trois fois sous les flots la distance de la Terre à la lune,
il coule maintenant une retraite heureuse
à la Cité de la mer, énorme et noir
comme un gros cigare.
On dirait un requin de 128 mètres de long qui n’aurait ni bouche ni œil.
Avec la puissance de son réacteur, on pourrait fournir en électricité une ville de 100 000 habitants.
(à l’intérieur, un étroit boyau pour circuler et un enchevêtrement intestinal de tuyaux, de manettes de turbines et de manomètres).

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Dehors dans le ciel bleu glacial au-dessus de la Cité
de la mer, les mouettes poussent leur cri de sorcières…
Je pense à toi, dans la rade de Cherbourg,
toi que l’acier glacé des armes n’a jamais fait jouir et à tes hanches nocturnes et pacifiques de collines, tes hanches blanches incomparablement plus accueillantes que les hanches du Redoutable,
tes hanches qui ont donné le jour.
Il est un peu passé l’attrait du beau militaire
mais qui sait s’il ne reviendra pas, le sabre et le goupillon…
(Déjà le soir à la télévision vous pouvez vous payer Sainte Thérèse de Lisieux
pour 2, 50 euros, le ministre en visite aux armées le soir du réveillon et le pape en toute saison.)
Dans les aquariums de la Cité de la mer évoluent
lentement les étoiles de mer,
des méduses ombellifères, des hippocampes,
et des poissons des tropiques, des demoiselles saphir, des licornes, des poissons papillons, des chirurgiens voiliers,
des cochers solitaires, des nettoyeurs, des poissons soldats rouges, des marignans tachetés, des pois-sons coffres cornus, des poissons oiseaux
des bathyscaphes, des rémoras et des enfants…

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Si l’amour était au poste de commande
nous pourrions apprendre à devenir utiles …
Finie la carrière du Redoutable
et celle de ses frères : le Terrible, le Foudroyant, l’Indomptable, le Tonnant, l’Implacable…
Avec les trésors de la technique nous pourrions inventer des sous-marins puissants
capables d’explorer le fond des océans
et d’aller à la rencontre des 10 millions d’espèces inconnues qui vivent encore sous les eaux,
Nous pourrions créer des pouponnières au fond des mers pour nourrir toute l’humanité,
Nous pourrions dessaler l’océan et porter à boire au désert
ou, tout simplement, pour plaire aux petits et aux grands
sans autre but que la parade,
comme pour les sous-marins nucléaires qui dorment dans les rades,
nous inventerions des bateaux géants en forme
de sirène
avec des ventres de verre
pour visiter les mers…

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Voilà ce que nous pourrions faire
si nous en finissions avec les guerres…
Mais sans la fierté de son épée dressée, que reste-t-il à l’Homme ?
L’homme peut-il encore être homme
s’il n’est plus guerrier ?
L’homme n’a d’avenir que dans la femme…
mais il n’est pas la femme.
L’homme des âges nucléaires apprendra à dominer sa puissance.
Mais nous garderons le souvenir de notre passé de chasseurs,
notre enfance de guerriers, notre adolescence de chevaliers.
Nous garderons le goût du jeu, de la violence,
le goût viril du combat,
nous civiliserons notre antique passion de la joyeuse destruction
et la rendrons profitable.
Chevaliers de nos Dames,
nous garderons le goût de l’acte noble et inutile, de la parade, du dévouement et du tournoi d’Amour.

Le retour du peuple

Mercredi 12 décembre 2018

Macron roi


(lettre au poète anglais Alan Dent sur le sens des événements en France)

Le peuple de France n’a pas sorti les fourches et les faux mais il est en train de mettre le feu au Château
Il est sorti de ses hameaux, de ses faubourgs, de ses pavillons de banlieue, des lotissements de la périphérie, pour descendre dans la rue, envahir les Champs-Élysées et bloquer les carrefours
Le peuple en a assez de payer la taxe et la gabelle
Il est entré en rébellion contre les gens d’en haut, contre les nouveaux seigneurs qui le regardent de haut
Dans son allocution télévisée, le Roi Macron a pris son air le plus contrit pour dire aux Français « Je vous ai compris »
Il a voulu faire croire qu’il était capable de compassion pour « la ménagère qui n’arrive pas à améliorer les fins de mois »
Améliorer les fins de mois ? Quand pour des millions, comme nous, à découvert dès le quinze ou le dix, il s’agit de savoir comment finir le mois ?
« S’ils n’ont pas de pain qu’ils mangent de la brioche », dans la bouche des régnants résonne toujours l’écho des mots attribués à Marie-Antoinette.
Nous vivons dans le même pays et sur la même Terre
mais pas sur la même Planète.
Bien sûr, on ne pend plus aux branches des hêtres les pauvres hères
qui braconnaient sur les terres du seigneur
mais le peuple est toujours traqué et matraqué.
Les grands pratiquent toujours la chasse à courre, partout où il y a le moindre épi de blé, ils dévastent nos parcelles
et c’est toujours le peuple qui sert de gibier.
Taxe sur les carburants, profits pétroliers, péages d’autoroutes qui sont les modernes octrois, contraventions à chaque coin de rue, contrôles permanents, harcèlement policier…
Si la voiture est notre liberté, notre liberté est une liberté très surveillée.
Nous sommes les nouveaux gueux, les nouveaux sans-culottes, citoyens délinquants en puissance, toujours présumés coupables.
Si tu n’as pas de gilet jaune dans ton coffre tu es passible d’amende ;
Mais le gilet jaune, modeste symbole de l’ordre sécuritaire européen, est aujourd’hui devenu le symbole de la révolte sociale,
le signe de ralliement, l’uniforme du soulèvement,
celui qui unifie le mouvement, celui sous lequel quelles que soient les professions, les idées, les croyances, tous sont solidaires.
C’est le gilet des travailleurs, des éboueurs, des ouvriers du bâtiment, des ménagères sur les passages cloutés…

GILETS_JAUNES

C’est le gilet qu’on enfile pour manifester, celui qu’on expose sur le pare-brise ou la plage arrière, celui qu’on attache au guidon du scooter ou à la selle du vélo, celui qu’on garde dans son cartable, qu’on range sous sa table et qu’on sort pour déclarer sa flamme, sa fierté aujourd’hui d’être Français.
C’est le gilet fluorescent de ceux qui étaient invisibles et qui se sont rendus visibles, de nuit comme de jour, et qu’on voit maintenant partout, jusque sur les écrans de télé.
Hier, le gilet jaune signalait une panne ou un accident…
Aujourd’hui, l’invasion des gilets jaunes annonce le printemps
comme une explosion de jonquilles à tous les carrefours.
Hier, le jaune était la couleur des briseurs de grève
mais le jaune aujourd’hui voit rouge.

jaune allemagne

De Paris à Bruxelles, de Sofia à Nurenberg, de Marseille au Caire… la contagion se répand…
(Il en fut de même avec le drapeau rouge… Au départ entre les mains de l’État, il fut le signal de l’état d’urgence et de la répression, puis entre les mains du peuple ouvrier, le drapeau rouge devint le symbole de la révolte pour le monde entier).
Dans son palais le nouveau Louis XVI déclare : « Pas question de rétablir l’Impôt sur les grandes fortunes.
Si nous accordons nos largesses à qui possède la richesse,
c’est pour votre bien, manants,
car un jour les gouttes d’or de leur bonne fortune vous ruisselleront sur la tête et vous en serez oints… »

On veut payer

Et, devant l’Arc de Triomphe, Gavroche rigole et brandit une banderole qui clame : « Nous aussi, on voudrait payer l’ISF ! »
Sur les ronds-points on fait le point sur ce qui ne tourne pas rond…
Il y a là l’ouvrier, l’employée, le retraité, le petit commerçant, le chômeur, l’auto-entrepreneur ;
celle qui vote à gauche, celui qui vote FN, et tous ceux qui ne votent pas…
Tout n’est pas clair et tout n’est pas simple,
mais ici on se parle, on apprend à se connaître et à se comprendre.
« La transition écologique ne doit pas se faire sur le dos du peuple… ce sont les vrais pollueurs qui doivent être les payeurs…
C’est à nous qu’on veut faire porter le chapeau si les arbres, nos compagnons fidèles, perdent leurs cheveux, si les icebergs se mettent à fondre devant le seuil de nos portes, et si le niveau de l’eau monte et celui de la misère aussi.
Fin du mois et fin du monde même combat ! »

fin de mois

Patriotes et républicains, aucun peuple de la Terre n’est notre ennemi.
Nous ne voulons pas de la guerre économique, de la concurrence généralisée, de la compétition olympique des misères.
« Ce n’est pas en érigeant des barrières qu’on résoudra les problèmes de la Terre…  Ce n’est pas non plus en supprimant les frontières… »
Tout n’est pas simple et tout n’est pas clair…
Mais, tard près du rond-point, autour d’un couscous, on discute des questions difficiles.
On discute et on écarte ce qui divise pour ne retenir que ce qui unit.
Et peu à peu s’écrivent les Cahiers de doléances ;
peu à peu s’élabore un programme du peuple
et ceux qui rejettent la politique font plus de politique en ce moment que les professionnels de la politique.
Non contents de revendiquer, ils remettent en cause les institutions,
la démocratie représentative qui justement ne les représente pas.
Combien d’ouvriers, d’employés, d’artisans, de paysans, de chômeurs ou d’étudiants, de Français de toute sorte et de toutes couleurs sont assis sur les bancs de l’Assemblée Nationale
ou du Sénat qui, en plein mouvement, vient de voter la suppression de l’Exit Tax pour les évadés de la fiscalité ?
Ceux qui discutent tard le soir autour du rond-point redécouvrent le mandat impératif,
l’esprit de la Commune de Paris,
la révolution qui est l’autogouvernement du peuple.
Ils hésitent à élire des délégués mais un peu partout surgissent comme sortis de nulle part des porte-parole
capables de tenir tête à des ministres,
car le peuple, contrairement à ce que s’imaginent ceux d’en haut, est intelligent,
c’est lui qui connaît le mieux la vie et les lois de l’économie.
Et peu à peu le peuple en mouvement fait l’expérience de sa force.
L’état panique, il envoie la police et les gaz lacrymogènes sur les manifestants pacifiques,
Il fait s’agenouiller les lycéens, mains sur la tête, comme pendant la guerre les résistants avant leur exécution ;
Il arrête à tour de bras ceux qui n’ont rien fait pour leur interdire pendant six mois de manifester.
Il pleure sur les policiers blessés mais n’a pas un mot pour ceux qui ont perdu leur main arrachée par une grenade, ou les yeux crevés par des tirs de flash-ball.

blessé

Et comme cela ne suffit pas à arrêter le mouvement ni à le discréditer, il doit manœuvrer et reculer.
Ce qui était impossible, il y a trois semaines à peine, aujourd’hui est concédé. Des taxes sont annulées, des augmentations consenties…
Mais ça ne fait pas le compte, et on va continuer
« Le peuple, ne lui donnez rien, il en veut encore plus…
Donnez-lui votre doigt, et tout le bras y passera… »
« C’est une émeute, demanda Louis XVI… Non sire, répondit La Rochefoucault, c’est une révolution. »
Une révolution citoyenne qui ne fait que commencer, une révolution qui ne fait que s’annoncer…

Manif arc

(Aubervilliers, le 11 décembre 2018)

 

Lettre à Thierry Renard sur la nature du merveilleux

Lundi 3 décembre 2018

Pas de guerre

Thierry, je t’écris, assis au fond du compartiment de la voiture 6
du TGV  6908 qui me ramène vers Paris
pour prolonger notre discussion entamée à l’Heure bleue
sur la nature du merveilleux.
A côté de moi, la plupart des gens semblent studieux et concentrés,
absorbés par leurs écrans, (et je fais comme eux)
Il  y en a un qui écrit sans débander,
(Moi, J’en serais incapable… je veux dire : taper comme ça sur mon clavier
car, je peux l’avouer, je n’aime pas tellement ça, écrire.
Je le fais moins par plaisir que pour me forcer à penser.
Peut-être écrit-on moins pour s’exprimer
que pour satisfaire au besoin impérieux d’avoir quelque chose à dire).
Ce type aux cheveux frisés, les lunettes sur le front
est peut-être un auteur de roman policier ou érotique,
comme on en trouve  aux  Relay H, dans les rayons spécialisés
(En attendant, il fronce le sourcil et n’a pas l’air de rigoler).
Un autre observe des courbes, des diagrammes, des images noires
(Probablement pas un commercial examinant ses statistiques
plutôt un interne qui étudie un cas clinique).
Un peu plus loin, il y en un qui regarde un film américain
et un autre qui joue à Candy Crush sur son I-Phone
et quand même deux ou trois, un bouquin à la main…
Nous voyageons tous ensemble, mais séparément,
Chacun d’entre nous a le cul posé sur son siège
à la place qui lui a été assignée
mais sa tête est ailleurs… Être ici et ailleurs,
c’est la condition de l’homme moderne (et de la femme aussi ;
ne soyons pas sexiste). Nous sommes, pour notre malheur
ou peut-être pour notre plus grand bonheur,
doués du don d’ubiquité dont les humains ont si longtemps rêvé.
Je jette un coup d’œil par la fenêtre
Depuis le départ,  le paysage est plongé dans le brouillard
Une vraie purée de pois, plutôt de la soupe de tapioca,
blanche, opaque et translucide pourtant
mais qui estompe tout.  Sous sa fine couche de poussière grise,
(comme celle qu’avait laissée la neige carbonique des pompiers
dans notre voiture incendiée par des flics le Premier mai)
elle a éteint les feux de l’automne.
La France, engoncée dans la grisaille semble endormie
(Il n’y a pas que le brouillard qui nous isole,
comme une camisole de force, une chambre capitonnée
où tu peux toujours gueuler… ça ne sert à rien…
Même si certains étaient prêts à t’écouter
ils ne peuvent pas t’entendre).
Ton visage qui se reflète dans la vitre
transparent comme un ectoplasme
passe sur le paysage sans laisser de trace.
Nous sommes tous des hologrammes
des fantômes, des spectres,
nous qui rêvions du communisme
et qui aux yeux de mon voisin peut-être
et de tant d’autres appartenons au passé
alors que nous sommes bien là, assis à côté d’eux.
Mais fantômes aussi, ceux qui croient encore au capitalisme
lequel fonce dans le brouillard vers la fin du monde…
Nous sommes tous emportés dans le même train
incapables de tirer la sonnette d’alarme pour l’arrêter…
Et d’ailleurs qui en aurait envie
dans ce TGV qui traverse la brume à vive allure
enfermés dans les deux mains blanches d’une parenthèse ?
Je voudrais en profiter pour reprendre avec toi notre discussion
sur la question aujourd’hui du merveilleux.
Dans son poème la « Maison du Berger » Vigny s’inquiétait
du règne prochain des monstres mécaniques
prédisant qu’il n’y a aurait bientôt plus de muses
pour les voir passer. A quoi ont répondu Cendrars
ou Apollinaire qui connaissait le goût mauve de la nostalgie.
« Tout passe, tout casse, tout lasse… je me retournerai souvent… »
Mais aussi le temps de la raison ardente et les feux d’artifice de la modernité ;
« Allons plus vite, Nom de Dieu, allons plus vite… »
Et « crains qu’un jour un train ne t’émeuve plus »…
A chaque époque son merveilleux.
Il y eut celui des fées, des chevaliers et des licornes
auquel nous n’avons pas totalement renoncé
(et que tente de ressusciter à des fins commerciales l’Heroic Fantasy
pour qui le futur est un éternel passé).
Il y eut le merveilleux de l’utopie, les soleils électriques de Maïakovski,
Prométhée capable de rivaliser avec le feu des dieux
pour inventer le monde humain des poètes « aveniriens »,
boudietlanyie, comme ils se nommaient en russe entre eux,
qui rêvaient soviets, électricité et la Terre mise en Commune.
Ce futur qui paraissait à portée de main  semble déjà lointain
car nous vivons entourés de miracles de la science
et de la technique qui ne nous font guère rêver.
« Le progrès n’est plus ce qu’il était », répètent les gazettes…
Nous vivons au milieu de charmes qui n’ont plus pour nous de charme.
On vient de découvrir la possibilité d’implanter dans le cerveau
des molécules de rêves… Ce que fait déjà tous les soirs la télé.
Les réseaux et les robots nous servent en même temps qu’ils nous surveillent.
Est-ce qu’ils nous obéissent ou est-ce nous qui leur obéissons ?
Hier, pour Marx, l’ouvrier était l’appendice  de la machine
et nous nous sommes enchaînés à nos ordinateurs.
Les outils de notre liberté sont ceux qui nous emprisonnent ;
les téléphones portables, les tablettes
qui nous donnent le sentiment de l’omniscience instantanée
sont ceux qui nous font vivre un présent accéléré
qui paraît tout ignorer du futur comme du passé.
Le vrai miracle aujourd’hui, le merveilleux moderne
serait de reprendre la main sur nos outils.
(Pour cadeau de Noël dit le pull rouge d’un militant anglais
I want the means of production – je veux les moyens de production !)
Que nos I-phones par exemple nous servent
à traverser comme Perséphone la nuit hivernale des  Enfers
pour revenir au Printemps sur la Terre
et reprendre pied dans le monde réel.
Car à l’âge du tout virtuel
le vrai merveilleux c’est peut-être le réel.

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Il nous faut traverser l’écran de ces miroirs magiques
à qui nous demandons toujours «  Qui est la plus belle ? »
pour passer dans l’envers du décor et descendre dans la rue
où peuvent se mêler les gilets jaunes, orangés et rouges du monde entier.
Que ces outils qui nous divisent, enfin nous réunissent
car nous pourrions tenir entre nos mains la tête frêle de la planète
enfant mal nourri et traumatisé par la misère et par la guerre.
(« Pas de guerre entre les peuples, pas de paix entre les classes »
proclame un slogan bombé sur l’Arc de Triomphe
napoléonien qui n’est pas vraiment un monument républicain).
Déjà dans la brume s’allument les torches des arbres incendiés
du côté des Champs-Élysées. Annoncent-ils l’Apocalypse
de la République ? Où le retour du Printemps des peuples ?
Il est temps de sortir du tunnel, de descendre à quai et de se retrouver.
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(commencé le 26/XI/ 2018, abandonné à l’arrivée du train,
puis rattrapé et achevé