
Je ne sais pas si vous êtes comme moi
mais souvent, je perds des choses…
Et cela ne date pas d’hier.
(Quand cela a-t-il commencé ?
Il y a si longtemps que j’en ai perdu le souvenir…)
Enfant, déjà, je devais perdre des jouets ;
des petites voitures, mes billes, de temps en temps,
un bel ormeau nacré auquel je tenais,
une collection de timbres ou de pièces de monnaie…
Et parfois, comme tout le monde, j’ai pu perdre mon temps
(mais finalement, très peu…)
Plus tard, j’ai persévéré…
J’ai perdu de l’argent, souvent,
(mon porte-monnaie, des billets et ma carte bleue,
plusieurs fois, et pas seulement…)
Sans doute , cet argent que j’ai perdu
n’est pas perdu pour tout le monde…
Il y a aussi des stylos que j’ai perdus, plusieurs, auxquels je tenais,
des écharpes et des casquettes,
dans le métro, sur une banquette
ou sur le banc d’un jardin public…
Et des papiers aussi… Même des poèmes…
(« Pas une perte pour la poésie française… », diront certains.
Peut-être ceux-là perdent-ils une occasion de se taire,
car les poèmes qu’il m’est arrivé de lâcher par les rues
ne se sont pas perdus…
Ils se trouve toujours quelqu’un pour les recueillir.)

Toutes ces choses que nous perdons nous apprennent
à ne pas trop nous attacher aux biens matériels.
Elles nous font plus légers.
(Et pour moi, qui ai pris du poids, ce n’est pas à mépriser).
Ces derniers temps, j’ai aussi perdu quelques amis,
des gens que j’aimais.
(Mais dans le grand panier dépareillé de ma mémoire,
eux non plus ne sont pas perdus ; je ne les perds pas de vue…
souvent même, ils réapparaissent).
Vivre, de toutes façons, c’est faire l’expérience de la perte.
Et cela risque bien de continuer
jusqu’à ce jour,
où à mon tour,
je me perdrai.
le 2 décembre 2018