pour Steve
Les eaux qui s’en vont vers le lointain m’appellent…
Elles passent, elles s’enfuient effaçant les histoires
Elles portent dans leurs flancs d’oublieuse mémoire
Les traces de nos vies, les meurtres, les querelles.
Dans l’eau nocturne et trouble où nulle étoile ne veille
Un corps est retrouvé qui met fin au mystère
– Il met fin à l’attente, aux nuits de longue veille
(Mais le mystère n’a guère de place en cette affaire).
Ah ! Le fleuve est obscur, on dirait un tunnel
D’où jamais ne devait sortir la vérité.
– Mais n’allez pas chanter que la Loire est cruelle
Ou que c’est un effet de la fatalité.
Il n’avait pas rêvé prendre un bain de minuit.
Sa faute fut d’avoir fait la fête et dansé.
Jetés à l’eau les jeunes ne font plus de bruit
Et tant pis si certains ne savent pas nager !
Un corps est retrouvé au milieu des vasières…
Il a dû séjourner dans la nuit des lamproies
Des algues, des aloses… Involontaire proie,
Vivant en ville, des violences policières.
Si les eaux qui s’en vont se perdent dans l’estuaire
Peuvent-elles effacer le crime en bord de Loire ?
– Les eaux, les eaux, petit, n’ont aucune mémoire
Mais ceux qui étaient là refusent de se taire.
« Sur l’quai de Nantes, un bal y est donné
Non, non mon fils tu n’iras pas danser !
Tu vas danser et puis dans l’eau tu glisses…
Il y a danger car rôde la police.
Non, non, ma fille tu n’iras pas danser
Sous peine aussi de te faire noyer.
Il nous faut croire les autorités :
Voici le sort des enfants obstinés. »
J’ai la chair de poule.
J’ai la chair de poule.
Magnifique et poignant, cher Francis.
Tardivement lu, très émouvant, très révoltant.
Bravo Francis.
L’air est toujours malsain, réveillons-nous.
PhL.