Ballade pour une pomme trouvée

Pommes

Pomme je suis, le ver en moi
Joyeusement fait son office
Et ce que, terrible, de moi
Ici je dis, parlant à tous,
Je pourrais de chacun le dire

Le soleil sur ma joue se joue
Au milieu des gouttes de pluie
Et puis s’en va s’en vient le vent…
Marchant dans l’herbe j’ai trouvé
Une pomme à moitié rongée

Pomme encore verte abandonnée
Qu’un coup de vent a fait tomber
Avant son heure de son pommier
Elle a pris un coup sur la joue
Etalée la pomme est talée

Mais d’un ver elle fait bien l’affaire
Qui creuse un tunnel dans sa chair
Quand d’autres en seraient dégoûtés
Certains la trouvent à leur goût
(Il en va de même pour nous)

La croisant je pense à ses sœurs
Luisantes, rondes, calibrées
Lisses, bien rouges, vertes, dorées
De la grande distribution,
Pauvres pommes conditionnées…

Ce sort nous sera épargné,
Nous sommes pommes qu’on délaisse
N’avons ni prix ni pedigree
Nul comice ne nous prima
On ne nous vend pas à la tonne

Puissions-nous pourtant mes chères sœurs
Pommes sauvages, acidulées
Trouver preneur… Moi, vif ou mort
J’espère avoir du goût encore
Pour qui voudrait croquer dedans.

 

5 Réponses à “Ballade pour une pomme trouvée”

  1. Frédérique Guetat-Liviani dit :

    Beau tombeau pour la pomme.

  2. Poton, Frédérique !

  3. Richard dit :

    Très doux un peu acidulée la pomme tu la fait vivre jusqu après l annonce prématurée de son décès

  4. Olivier Mayer dit :

    Si maintenant les vers s’y mettent !

  5. Laurent FOURCAUT dit :

    Vraiment admirable, ce poème, à la fois parfaitement moderne, et qui retrouve comme en se jouant l’art d’une très précieuse tradition. Chapeau !

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