Une histoire de fesses exemplaire*
(poème didactique)
Cette histoire se passe, il y a longtemps… Ailleurs…
Les années quatre-vingt… (C’était avant Mee Too).
Dans l’Est de la France, pays d’étranges mœurs,
loin d’Hollywood, des frasques de son Manitou.
« Un Picon-bière, pour la une, et un café-noisette !
Un pastis pour la deux, avec des cacahuètes ! »
Chaque fois que Marie revient vers le comptoir
pour vider son plateau ou prendre un petit noir
elle redoute une main baladeuse… Freddo,
le patron, aime trop (« Aïe ! ») le bas de son dos.
Il est des hommes qui, croisant une paires de fesses,
à défaut d’y croquer, non seulement, se rincent
l’œil, mais, esquissant une furtive caresse
y portent la main, ou chose étrange, les pincent.
Bien qu’ayant ce qu’il faut pour faire une starlette
Marie se fiche pas mal de Los Angeles
Elle en a surtout marre d’avoir des bleus aux fesses
Et qu’on la prenne pour une espèce de côtelette
Alors, elle décide d’en parler avec ses potes
Et les voici un soir, dans un bar, qui complotent.
(Quand vous passez devant l’étal d’un épicier
et que vous trouvez appétissante une pomme
vous n’allez pas d’ordinaire, brutal, vous jeter
dessus. Et, de plus, les femmes, ne sont pas des pommes !)
Marie s’est fait porter pâle… Plus de serveuse.
… « Un lait-fraise en terrasse et une bière mousseuse ! »
C’est Freddo qui s’y colle et qui fait le garçon.
Mais chaque fois qu’il passe, une fille, un garçon,
ignorant les façons des gens civilisés,
cyniques, sans pitié, lui pincent le fessier.
C’était avant que « la parole se libère »
Mais déjà des femmes ne se laissaient pas faire
Et elles préféraient l’action à la délation
(Plutôt mal vue en France depuis l’Occupation…)
La morale de cette exemplaire histoire de fesses,
de cette histoire vraie, sans princes ni princesses
qui pourrait s’être passée n’importe où, en somme,
c’est que toutes les femmes ne sont pas des pommes.
* Inspiré par l’initiative qu’avait prise un cercle de la Jeunesse communiste.
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