Un fossile pour les temps présents

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Dans le ciment frais du trottoir
un oiseau a laissé son empreinte
comme un fossile improvisé,
preuve qu’il y a encore
de la vie sur Terre
et des oiseaux en ville.

« Mon père est un peu fou », se dit mon fils
(lourde hérédité…
plus lourde
que l’héritage ne le sera jamais)

Mais ces choses sans importance
ont une valeur pour moi.

C’est par elles
que nous parle à l’oreille
la ville bruyante
et muette,
la ville aux milliers de têtes
et qui n’a pas de tête
la ville qui parle des centaines de langues
et qui n’a pas de langue

C’est par elles qu’elle nous crie
ou qu’elle nous murmure
son histoire secrète

Ou que nous allions
par les rues de notre cité
la ville nous raconte
une histoire d’abandon

Il y a partout sur les trottoirs
des choses que les gens laissent traîner
un matelas,
un pack de lait crevé,
une roue de vélo,
une télé…

Dans ce pays
où tant de choses manquent à tant de gens
tout déborde
tout se répand devant les portes
les poubelles
les containers pour le verre
les entrepôts et les commerces

Les détritus s’amoncellent
et menacent l’existence
frêle de la fleur de pissenlit
de la beauté
et de la vie

Mais dans le ciment frais du trottoir
un oiseau a laissé son empreinte
comme un fossile improvisé,
preuve qu’il y a encore
de la vie sur Terre
et des oiseaux en ville.

le 26/01/2020

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