à Aurélien
Nous avons passé la matinée, avec mon fils
qui est jeune encore et fort
à ramasser les bûches de bois mort
que le camion avait déversées,
pêle-mêle, dans l’herbe, devant le hangar.
Nous les avons empilées en tas,
comme les corps allongés de centaines de soldats
après la bataille, jeunes arbres abattus qui n’avaient rien demandé.
Nous les avons empilées en prévision de l’hiver
pour les brûler dans le four à pain qui nous sert de cheminée.
Une bûche qui flambe dans la soirée
c’est toute une vie d’arbre qui s’envole en fumée.
Nous consommons du temps, nous le brûlons
et le temps consumé se change en énergie.
Et pendant que nous nous chauffons dans la cuisine,
lentement, dans le silence de la forêt voisine,
patiemment, le temps prépare de nouvelles bûches.
A ce rythme, c’est la forêt qui va y passer !
Mais la forêt est plus grande que nous.
Et le feu que nous faisons,
nous qui flambons aussi à petit feu,
n’est pas prêt d’y mettre fin.
le 10/01/2020