La fille qui travaille dans la rue a un souteneur
(aujourd’hui, on dit plutôt un proxénète
car les mots grecs font plus savant)
En échange de sa protection
il prend sa part chaque fois que monte un client
Le joueur qui court après le ballon
a des supporteurs et il faut faire avec
même s’ils sont parfois insupportables…
Ils t’applaudissent quand tu gagnes
et te sifflent quand tu perds
(Mais ce sont eux qui paient les billets d’entrée
et qui font tourner la boutique du club)
Le dirigeant du club aussi a son souteneur
Il a investi des millions
C’est lui qui négocie les droits télé
Et quand tu cours, il reste assis
mais il attend son retour sur investissement
La rédaction s’est réunie ; le journal est sauvé
Le directeur a enfin trouvé un repreneur
« Pas question de toucher à la liberté d’expression. »
a-t-il dit. « Le contenu, ce n’est pas dans mes cordes », …
Mais demain, il va licencier
une partie de la rédaction
et changera le directeur.
En te mariant tu as épousé un beau parti,
un parti riche et sympathique
Tu t’es passé « la corde au cou »
comme on ne dit plus guère,
et le nœud se resserre
Prends garde à qui te soutient…
Car, parfois, il te soutient
comme la corde soutient le pendu
(Tout ceci, bien sûr, appartient au monde d’avant…
Dans le monde d’après, qui a commencé,
les hommes et les femmes sont libres de leur corps,
Les sportifs jouent pour le plaisir
Les journalistes écrivent ce qu’ils veulent
Tout le monde, même dans les affaires, se marie par amour
Et l’argent n’a pas toujours le dernier mot).
le 23/XI/2020
Mots-clefs : trahison
bien vu…
as-tu voulu dire que les personnages représentés étaient quelque part des clowns ?
Crime de lèse-majesté !
Salut
Gérard
C’est à peu près ça… Salut et fraternité !
Mais en vérité ce sont d’autres clowns que je vise que ceux de ce dessin humoristique… ceux-là se contentent de faire la fête, une fois « déconfinés »…
Epatant, ce poème, cher Francis !
Il relie, l’air de pas y toucher, plusieurs cas actuels de « soutiens » mortifères et met du coup en évidence un fonctionnement global, qui est celui du capitalisme abominable qui étrangle bien des choses, et combien de gens.
Oui, c’est évidemment le fond de l’affaire… on peut dire que c’est une sorte de « poème moral » à la manière du camarade Brecht… J’espère que nous allons bientôt nous voir, « pour de vrai », comme disent les enfants.