Ode à la joie
Sonnons les cloches à toute volée
à ce vieux monde qui ne l’a pas volé
à ses chasses gardées, ses gardes-chasse
ses frontières, ses barbelés, ses policiers,
son esprit de clocher, ses propriétés privées
qui privent tous les autres de propriété
sa course à la richesse qui nous appauvrit
son deux poids deux mesures qui n’a plus de mesure
sa démesure et son acharnement
à creuser sa tombe pour nous y enterrer
En marche, sautons du train qui fonce vers l’abime
le sang et les larmes
Tirons le signal d’alarme
Tirons notre révérence
Décrétons les vacances
De printemps, d’été
D’automne et d’hiver
Mettons le dimanche
Dans le lundi
La mer à la montagne
La ville à la campagne
Et la vie en roue libre
Prenons la clef des champs
Et la poudre d’escampette
Jetons notre bonnet
Par dessus les moulins
Montons sur nos grands chevaux
Et volons de nos propres ailes
Prenons le large
Prenons la porte
Prenons l’air et gardons-le
Pour l’offrir à tous ceux qui en ont besoin
Mettons le feu aux poudres
Et les quatre fers au feu
Battons le tambour
Battons la générale
Et le général
Décapitons le capital
Faisons banquer les banquiers
Dressons la table du grand banquet
Qu’elle se dresse elle-même sur ses quatre pattes
Et qu’elle mette les bouchées doubles
Demandons la lune
Et partageons sur Terre
Notre place au soleil
Offrons-nous un déjeuner de soleil
Et faisons-le durer.