Ode pour un œillet rouge

Oeillet rouge

Il y a si longtemps que les hommes
comparent les femmes à des fleurs
que peut-être elles en ont assez
et les fleurs aussi…
(Pour nous autres, les hommes, ce n’est pas pareil…
Peut-être que nous aimerions bien de temps en temps,
qu’on nous écrive aussi des poèmes d’amour).
Pour notre excuse
disons que si les fleurs sont les productions
les plus évoluées du règne végétal
les femmes le sont
de l’humanité…

Alors,
comme nul ne peut prétendre interdire aux poètes
d’avoir recours aux fleurs
je te nommerai « œillet »
(le simple œillet qui n’a rien de simplet,
l’œillet sans prétention qui n’est pas sans histoire).
Non pas l’œillet rose
né, paraît-il, des larmes de la Vierge
pour son fils crucifié,
Ni l’œillet blanc de l’amour et du deuil éternels,
Ni même le délicat et frêle « œillet de poète »
qu’il t’est arrivé de me rapporter…
Non, tu es mon œillet rouge,
l’œillet de la joie, de la douleur et du sang,
l’œillet de la colère et des espérances ouvrières,
l’œillet du Premier mai,
l’œillet des communards massacrés,
celui que nous offrions quand nous étions jeunes
à la sortie des usines et des lycées,
l’œillet clair, l’œillet sombre qui pousse
dans l’intimité obscure de la terre,
l’œillet têtu et entêtant au caractère fort
et à l’odeur poivrée,
l’œillet délicat aux pétales ciselés
l’œillet à la jupe retroussée, multiple et renversée
qui fait valser les cœurs et chambouler le jour,
l’œillet qu’au revers de nos vestes nous porterons toujours,
le rouge œillet
de la liberté de la révolution.

Le 25/04/2021

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