Il est des hommes qui brillent dans la vie par leurs actes
et certains – parfois les mêmes – brillent aussi par leur mort.
Tycho Brahé, l’astronome danois, fut de ceux-là.
Disciple de Copernic, il eut pour disciple Kepler.
On lui doit de grands progrès dans l’observation du ciel
pour laquelle il se dota de savants instruments.
Ayant suivi en 1572 le passage de la Supernova
il remit en cause l’idée d’Aristote
de l’immobilité du monde supra-lunaire ;
mais il croyait à celle du monde sublunaire.
Il avait prévu le passage de la Grande Comète de 1577
mais il croyait encore que la Terre
se tenait sagement au milieu
de l’Univers
(conformément à la loi de Dieu).
Lors d’un duel avec un lointain cousin
qui s’était moqué d’une de ses prophéties
celui-ci lui coupa le nez.
Il dut porter ensuite un appendice artificiel
fait, dit-on, de cuivre et d’or.
(Par quoi il brillait en société
comme ses chères étoiles dans le ciel).
Mais sa mort fut plus remarquable encore.
Alors qu’il vivait près de Prague,
l’empereur Rodolphe II l’invita un jour
à voyager avec lui dans son carrosse.
Le voyage était long
et forte son envie de pisser…
Il n’osa pas demander qu’on arrêtât le carrosse
et mourut dans la nuit
d’une crise d’urémie.
Ainsi a fini
ce savant observateur du monde céleste
qui observait trop les convenances terrestres
et avait pour les astres
princiers
trop de respect.
le 30/12/2020
Quand ça presse, faut y aller ! …
Excellent, ce poème, cher Francis !
Le jeu sur la polysémie de « astres » permet de penser, poétiquement (ainsi fit Victor Hugo), et donc aussi politiquement, une situation, un homme, un moment d »histoire donnés.