J’adresse cette lettre comme une bouteille à la mer
à vous que je ne connais pas
pirates qui avez parasité mon compte pour voler mon identité numérique
tenter de m’escroquer et d’escroquer mes contacts, mes camarades
Usurpant mon identité
vous avez utilisé mon adresse pour envoyer à plusieurs banques
des ordres de virement
venant prétendument de moi
Je ne sais pas si vous avez le pied marin
ni s’il vous arrive de boire du rhum au clair de lune
Mais vous n’êtes pas de ceux qui sillonnent les mers
vous ne courez pas les océans en quête d’aventure
et que vous soyez ou non tatoués,
vous n’êtes que de minables arnaqueurs qui ne prennent pas de risques.
Vous vous contentez de naviguer sur Internet,
enfermés dans la nuit de vos écrans
protégés par votre anonymat,
Malheureux galériens des ordinateurs,
Prisonniers de l’argent-roi.
Laborieux et appliqués
vous avez dû vous renseigner assez précisément sur mes activités
pour rendre l’escroquerie aussi crédible que possible
et il s’en est fallu d’un cheveu que ça réussisse
(Mais une employée de banque s’est montrée vigilante
et, fort heureusement, pourrais-je presque dire,
il n’y a pas cet argent sur mes comptes…)
Nous vivons dans un monde étrange
où les nouveaux moyens de communication
qui nous permettent d’envoyer des messages d’amour, de répondre à des amis,
de discuter avec des poètes du monde entier
peuvent aussi être utilisés pour nous espionner, nous voler, nous porter préjudice
On se sent alors un peu comme une tête de pipe prise pour cible
dans une baraque de fête foraine
ou un pigeon lors d’un lâcher
ne sachant pas où est posté le tireur
et ne pouvant pas riposter
Homo homini lupus ? Toujours, sans doute…
Mais, nous sommes sans inquiétude…
Un peu de patience :
vous vous retrouvez tous au chômage
le jour où nous pourrons enfin nous passer de l’argent…
Très beau poème ( et l’ayant vécu de tout coeur)
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