à Patricia
Nous ne sommes pas passés loin
le jour a bien failli s’éteindre
et notre histoire s’arrêter là
Le jour de la consultation
ce fut comme une cloche d’ombre
qui s’est posée sur notre vie
« Le cancer n’est pas opérable »
nous avait dit la pneumologue
comme une paire de ciseaux
Soudain tout change de couleur
un vide s’ouvre sous nos pieds
et le ciel bleu ne sert à rien
L’eau s’écoule dans la clepsydre
Sous le regard glacé de l’hydre
L’eau de ce qu’il nous reste à vivre
C’est comme une invisible neige
qui souligne le paysage
en blanc et noir, tel un faire-part
Dès lors il n’est qu’une pensée
et l’ordinaire du combat
prend le pas sur toute chose
Faut-il dire les monts dévalés
la perte de poids les nausées
qui te retournent comme un gant
et les cheveux qui par poignées
désertent te laissant tondue
femme perdue ou pauvre agnelle ?
À ce moment-là, on le sait
on a beau être à ses côtés
on laisse l’autre toute seule
Chacun s’accroche au protocole
la guerre devient un quotidien
et chaque jour franchit un col
Jusqu’à cette heure où tout s’éclaire
car la tumeur a reculé
et les métastases aussi
« C’est assez extraordinaire »
Nul ne parlera de miracle
les techniciens restent modestes
Parfois ça marche, c’est ainsi
Cela dépend des réactions
chaque personne a son histoire
Mais qui peut nier le progrès ?
… Il y a la science, le collectif
la volonté, l’amour peut-être
Cette fois, c’est partie remise
Une autre chance nous est donnée
il faut savoir en profiter
De même pour la Terre entière
quand tout paraît désespéré
le seul espoir est de lutter.
(16/07/2022)
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.