Archive de la catégorie ‘actualités’

Lauwrence Ferlinghetti

Mercredi 24 février 2021
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Lawrence Ferlinghetti, l’une des principales figures de la Renaissance de San Francisco, l’éditeur de la Beat Generation, le fondateur de la librairie City Lights Books vient de mourir à l’âge de 101 ans, ce 22 février 2021. Un très grand poète, simple et merveilleux.
J’avais eu le bonheur de le rencontrer à deux reprises à San Francisco, en 2007 et 2009.
J’ai écrit ce poème en 2011

Pour Lawrence Ferlinghetti

Ce frère en poésie
est un distributeur de joie.
Il vend (gratuitement)
du côté de North Beach
ou de l’Embarcadero

des cornets de glace bleu ciel.
D’après les analyses spectro-chimiques
elles ne contiendraient
aucune substance hallucinogène
mais ceux qui la goûtent
s’en vont en gambadant
tout nus dans la rue
sans tenir compte des flics
des militaires et des curés.
Quant à sa barbe-à-papa
elle provient des touffes de nuages
que ce garnement de 90 ans
arrache de temps en temps
aux poils célestes du bon Dieu
et à ses anges gardiens.
Puis, heureux de son méfait,
il saute sur son vélo
et disparaît en pédalant
derrière les collines
de San Francisco.

Francis Combes
le 11/5/2011

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Palabra en el Mundo Venezia

Vendredi 5 février 2021

Vient de paraître l’Anthologie « Palabra en el Mundo Venezia », éditée par Anna Lombardo, auprès du Centro internazionale della grafica di Venezia, pour la 14e édition de ce festival vénitien. Compte tenu des circonstances liées à la pandémie, les dix-sept poètes réunis ont adressé leur participation sous forme de vidéos, textes et photos et sont aujourd’hui réunis dans ce beau livre. Voici l’un de mes cinq poèmes traduits en italien par Anna Lombardo Geymonat.

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Sur le mode d’emploi de l’amour

Les poètes n’ont pas tout dit sur l’amour…
Aimer ce n’est pas seulement être amoureux
Aimer, ce n’est pas seulement désirer
Aimer, ce n’est pas seulement vouloir enlacer, embrasser
Aimer, ce n’est pas seulement faire l’amour
Aimer, ce n’est pas seulement craindre
ne plus être aimé
Aimer,
ce ne devrait pas être se torturer, être jaloux, se déchirer
Aimer,
comme le savent la plupart des gens ordinaires
c’est aussi faire la cuisine
les courses, le ménage, la vaisselle,
des confitures ou un poème…
Aimer, c’est prendre soin de ses proches
se soucier d’eux,
Aimer, c’est écouter,
parler,
vivre.
Aimer c’est les aider
dans la mesure du possible
et même au-delà
Aimer c’est aussi s’occuper
des affaires de la cité.
Aimer, c’est être solidaire.
Aimer
est une faculté largement partagée
et un travail à temps complet.

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Sulla declinazione dell’amore

No, i poeti non hanno detto tutto sull’amore…
Amare non è solo essere innamorati
Amare non è solo desiderare
Amare non è solo voler abbracciare, baciare
Amare non è solo fare l’amore
Amare non è solo temere
di non essere più amato
Amare,
non dovrebbe essere tortura, gelosia, e dilaniarsi
Amare,
come la maggior part delle gente comune sa
è anche cucinare
far la spesa, pulire, arei piatti,
fare marmellate o una poesia…
Amare è prendersi cura dei propri cari
preoccuparsi di loro,
Amare è ascoltare,
parlare,
vivere.
Amare è aiutarli
per quanto possibile
e anche oltre.
Amare è anche prendersi cura
delle cose della città.
Amare è solidarietà.
Amare
è una facoltà ampiamente condivisa
è un lavoro a tempo pieno.

Ode pour une veste rouge

Dimanche 24 janvier 2021

F+P veste rouge


Parfois, certains s’étonnent :
« Avec tout ce qui a changé
autour de nous et en nous,
avec les défaites,
les désillusions,
les démentis de l’Histoire,
les leçons de la vie…
tu es resté ce que tu étais ? »

C’est vrai, je hante toujours le pavé
des manifs avec toi,
mon bras passé autour de ton épaule,
et nous portons tous deux des vestes de velours rouge
que tu as toi-même
taillées, bâties, cousues.

Des vestes,
nous nous en sommes pourtant
ramassé quelques-unes,
c’est vrai…
Mais jamais
nous n’avons retourné la nôtre.

F veste rouge

En vérité,
je ne suis pas buté ;
si demain le capitalisme,
accepte de faire le premier pas
et — renonçant à ses profits —
se soumet à la loi
du bien commun,
je veux bien,
moi aussi,
penser à changer.

Mais, pour l’instant,
il reste ce qu’il est
et moi aussi.
F veste rouge int

La joyeuse troupe

Samedi 16 janvier 2021

bois coupé

Voici dans l’air vif de ce petit matin
que débarque la troupe des bons copains
Marchant côté à côte ils avancent tout droit
Sachant où ils vont, ils y vont d’un bon pas

Prenant le maquis, la poudre d’escampette
Ils n’ont pour toute arme que des escopettes
mais de la bonne humeur, assez pour tenir
face à l’adversité et pour voir venir

Il y a là Jean à la cape d’échevin
qui change l’eau courante des mots en vin
Yves qui découpe d’une lame affutée
le taillis confus qui croît sous la futaie

Il y a là Juliette qui parle aux écureuils
Victor l’éclaireur, toujours bon pied bon œil
Aurélien-des-loups qui garde la forêt
Et bien sûr Jacqueline aux mains de clarté

Voici Franck distillant le givre hivernal
Dominique en oiseau changeant un journal
Jean-Michel qui sait le secret des cités
et Bernard montreur d’ours qui les fait danser

François joue du piano sur de simples souches
Katia tire des sons de tout ce qu’elle touche
Pedro, lui, fait vibrer les belles fougères
et Fabien la musique des hémisphères

Avancent de conserve Jennifer et Laurent
(Parmi les mycologues, un des plus savants)
Alexis qui va plus vite que le vent
Et Sophie et sa lyre qui marchent devant

Pierre Perce-montagne, qui n’est ni jeune ni vieux
Paul Fend-la-bise, qui n’a pas froid aux yeux
Marie Fille-des-airs, aussi Sûleyman
qui voyage sur un tapis volant

Tous ceux que j’ignore, qui viendront nous rejoindre
Non, notre jeune troupe n’est pas à plaindre
Bons compagnons du bonheur, faux chercheurs d’or,
Salut à qui je ne connais pas encore !

Bury, le 16/01/21

Bonne année 2021

Mardi 29 décembre 2020

Voeux 2021

Les bonnes actions du jeune Staline

Samedi 19 décembre 2020

Staline

Pour l’anniversaire de Joseph Staline,
né le 18 décembre 1878 à Gori en Géorgie.

Koba, le jeune séminariste converti à l’action révolutionnaire
que l’Histoire retiendra sous le nom de Staline,
pour financer l’action clandestine du parti
s’était spécialisé dans le pillage des banques.

Ainsi, agissant dans l’opposition, de manière illégale et violente,
accomplissait-il pour la cause des prolétaires
des actions moralement défendables.

Plus tard, parvenu au pouvoir, assez souvent il lui arriva
d’avoir recours, avec l’aide de la police et de la justice,
contre ses propres camarades, déclarés opposants,
à une  violence cette fois légale…
mais moralement plus discutable.

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Prends garde à qui te soutient

Lundi 23 novembre 2020

Prends garde couteau dos

La fille qui travaille dans la rue a un souteneur
(aujourd’hui, on dit plutôt un proxénète
car les mots grecs font plus savant)
En échange de sa protection
il prend sa part chaque fois que monte un client

Prends garde Prostitution

Le joueur qui court après le ballon
a des supporteurs et il faut faire avec
même s’ils sont parfois insupportables…
Ils t’applaudissent quand tu gagnes
et te sifflent quand tu perds
(Mais ce sont eux qui paient les billets d’entrée
et qui font tourner la boutique du club)

Prends garde Foot

Le dirigeant du club aussi a son souteneur
Il a investi des millions
C’est lui qui négocie les droits télé
Et quand tu cours,  il reste assis
mais il attend son retour sur investissement

La rédaction s’est réunie ; le journal est sauvé
Le directeur a enfin trouvé un repreneur
« Pas question de toucher à la liberté d’expression. »
a-t-il dit. « Le contenu, ce n’est pas dans mes cordes », …
Mais demain, il va licencier
une partie de la rédaction
et changera le directeur.

En te mariant tu as épousé un beau parti,
un parti riche et sympathique
Tu t’es passé « la corde au cou »
comme on ne dit plus guère,
et le nœud se resserre
Prends garde corde cou

Prends garde à qui te soutient…
Car, parfois, il te soutient
comme la corde soutient le pendu

(Tout ceci, bien sûr, appartient au monde d’avant…
Dans le monde d’après, qui a commencé,
les hommes et les femmes sont libres de leur corps,
Les sportifs jouent pour le plaisir
Les journalistes écrivent ce qu’ils veulent
Tout le monde, même dans les affaires, se marie par amour
Et l’argent n’a pas toujours le dernier mot).

Prends garde communiste

le 23/XI/2020

La Simone

Jeudi 19 novembre 2020

Bois simone

Chaque soir, pliée en deux, elle allait déposer près de son tas de bois
une écuelle de soupe
pour les chats du hameau.
Depuis toujours, elle vivait seule
Il y a longtemps qu’elle ne ramassait plus les poires
qui tombaient de ses arbres
et que personne ne  venait manger

Quand l’infirmière est passée,
et qu’elle a constaté qu’un de ses orteils noircissait,
elle lui a dit qu’il fallait voir le médecin.
Mais Simone ne voulait pas – pour rien au monde – retourner  à l’hôpital.

Le lendemain,
les volets étant restés ouverts toute la nuit,
le voisin s’est inquiété.

Sa porte aussi était restée ouverte.
Où était-elle partie ?
Où avait-elle pu se cacher ?
Elle ne pouvait pas être bien loin…

Les gendarmes l’ont trouvée dans l’eau glacée de la citerne
où elle avait réussi à se glisser
pour se noyer.

Au dernier moment
elle a  dû paniquer ;
mais il était trop tard.
Le couvercle de la nuit s’était refermé sur elle.

Elle ne pouvait plus voir les étoiles, au-dessus de chez elle.
Et les étoiles ne l’ont pas vue non plus, qui flottait dans l’eau

pendant que ses chats allaient chercher refuge ailleurs.

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(Sur sa tombe nous avons dispersé
quelques immortelles séchées).

le 13/X/2020
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Chanson de l’innocent nuage

Mardi 10 novembre 2020

nuage

L’homme au bord de la rivière
l’a trompée et salie

Son innocence s’est enfuie
là-bas derrière la saulaie
avec le petit nuage blanc

Ses collègues à l’atelier
par jalousie l’ont trahie

Son innocence s’est enfuie
là-bas derrière la haie des cheminées
avec le petit nuage blanc

Ses propres camarades
dans son dos on médit

Son innocence s’est enfuie
là-bas derrière l’horizon
avec le petit nuage blanc

Et pourtant, toujours elle suit
qui s’effiloche dans le vent
son petit nuage blanc.

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Ô jeunesse

Mercredi 4 novembre 2020

Ô jeunesse
infortunée fontaine

Tes bras se jettent dans les airs
et n’attrapent que le vent

Ils filent entre tes doigts, les jours
durs et gris grains de sable

La vie est périssable

Tu as l’avenir devant toi
mais c’est court, bien court
l’avenir, pour rester là
à attendre
sur le bord  du chemin
celui ou celle qui viendra
te prendre
par la main

Ô fontaine
exubérante et triste
palmier unijambiste
assigné à résidence
sur cette place désertée des humains

Cascade impénitente de la joie de vivre
dont l’eau
se perd au caniveau…
Jaillis, étincelante et libre !
entre dans la danse !
Existe !

Ô jeunesse
jet joyeux et rebelle
feu d’artifice futaie liquide
Ta nacre est translucide

Tu portes dans tes branches un arc-en-ciel.

le 27/X/2020

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