Mon livre La France aux quatre vents vient de reparaître
dans une édition revue et augmentée.
Disponible au Temps des Cerises.
LA CHANSON DES RIVIÈRES DE FRANCE
France la belle est parée
De fleuves et de cours d’eau
Mille rivières, un collier,
Une parure de joyaux
Paisibles et joviaux
Mille cours d’eau qui l’habillent
D’un pourpoint étincelant
Ruisselant et qui brille
Une rivière de diamants
Un don, un couronnement
Une aube soyeuse et sombre
Fraîcheur où le ciel se mire
Un miroir aux trésors d’ombre
Où les nuages s’admirent
Et les feux du jour chavirent
Elles ont des noms de chanson
L’Aron, l’Arnon, l’Armançon
L’Auron, l’Auzon, l’Anguison
Le Doron et le Cosson
L’Ecaillon et l’Echandon
Elles ont des noms d’échanson
L’Allondon et le Beuvron
L’Alagnon, le Sausseron
Le Scardon, le Salleron
La Savoureuse, l’Alzon
Elégants noms d’alezans
Elles disent les prénoms de France
De ses amants élégants
L’Ance, l’Amance, l’Argens
L’Aumance, l’Armance et l’Auxance
Amants plus ou moins charmants
L’Avance, la Canse, la Durance
L’Augronne, la Dranse, la Furans
L’Apance, comme la Cousances
La Rance aussi, la Cuisance…
Les rivières font un collier
De tous les noms de la vie
Qu’ignorent les écoliers
La Vésubie, la Dourbie
La Voulzie, la Bénovie
De l’aurore à la vesprée
Elles sont nymphes et luronnes
Courent toutes nues par les prés
Charentone, Dronne, Gimone
Egvone, Maronne ou Lizonne
Comme un orchestre de chambre
Harpes, flûtes ou clarines
Elles chantent de Creuse à Sambre
Colombine, Valserine
L’Aube, l’Aure, l’Albarine
Elles sont nobles ou bien pauvres
Et n’en ont nulle vergogne
Qu’elles se nomment Bièvre ou Vauvre
Seine, Saône ou bien Dordogne
Orge ou mortelle Vologne
Certaines ont des noms étranges
Venus d’histoires anciennes
Comme l’Ancolin, l’Ardour, l’Ange
L’Airain, le Vair, la Varenne
Doron de Beaufort, la Vienne
L’Arc, la Lanterne et la Mauldre
L’Arconce, l’Albe, l’Andelle
L’Agout, l’Ailette et la Sauldre
L’Arve, l’Arvan, et la Celle
La Meuse, la Deule, la Moselle
Le Touch, le Var, la Tourmente
L’Oise, L’Oison, la Tortonne
La Muze, l’Allier, la Gartempe
La Bonne, la Bionne, la Bléone
La Borne, la Brame, la Boutonne
D’autres, des noms fort bizarres
Comme la Niche, l’Oze, l’Alzette
L’œil, le Piou, la Lys, le Bar
La Sioule, la Vis, la Nonette
L’Oignon, l’Ourse ou la Ouette
La Couarde, le Gland, la Fure
La Boivre, l’Aff, le Rognon
Le Merdereau et la Cure
L’Alène, l’Aire ou L’Orilhon
L’Allagnon, l’Ancre, l’Alzon
Il en est, de vraies couleuvres
Lentes, tranquilles, souveraines
Tout comme l’Ill ou La Souleuvre
L’Oise, le Cher, le Loing, l’Aisne
La Marne ou bien La Vilaine
Et d’autres qui courent, qui ruent
Et qui donnent de l’éperon
Des gaves, des torrents, des rus
La Save, le Luech, L’Estéron
Le Buëch, le Drac, le Gardon
L’Auron, la Dive, la Douze
L’Auvézère, l’Isère, l’Arize
La Midouze, la Dadalouze
L’Automne, l’Arnon, l’Autize
Le Fier, le Nant, la Devise…
Mais quelle que soit la chanson
Qu’elles murmurent sur les galets
Quel que soit leur chant, leur nom
Les rivières font un collier
à la France de beauté
Leur chevelure vif argent
Glisse, s’écoule et s’étend
De ses épaules à son dos.
Les rivières font à la France
Le don de leur abondance
Et de leur douceur cadeau.